La présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, veut organiser un sommet regroupant les plus grandes coopératives du monde afin d'attirer l'attention sur les avantages de ce modèle d'entreprise.

«Le monde coopératif est un monde silencieux. C'est un monde qui fait son travail au ras des pâquerettes, mais c'est rare qu'on fait les manchettes», a fait remarquer Mme Leroux en entrevue à La Presse Canadienne en marge de l'assemblée annuelle du Forum économique mondial, qui s'est déroulée la semaine dernière à Davos, en Suisse.

La dirigeante envisage de réunir à Québec, en 2011, les dirigeants des 300 plus importantes coopératives du monde, qu'elles soient actives dans les secteurs des finances, de l'agriculture, du commerce de détail ou dans d'autres domaines.

De façon générale, les coopératives du monde ont plutôt bien traversé la récession des derniers mois. Mme Leroux veut que cela se sache. Mais l'intérêt d'un sommet est plus large.

«Très souvent, les règles qui encadrent l'économie ne sont pas pensées d'abord pour le mouvement coopératif, a-t-elle fait remarquer. Elles sont conçues pour le monde capitaliste et pour des sociétés par actions cotées en Bourse, mais elles ne sont pas ajustées pour tenir compte de notre réalité.»

Cela est particulièrement vrai dans le secteur financier. Le Mouvement Desjardins tente actuellement de convaincre les autorités du Canada et du reste du monde de tenir compte des particularités des coopératives dans l'élaboration des nouvelles règles qui encadreront les institutions financières d'ici l'an prochain, notamment en ce qui a trait à la capitalisation.

Ainsi, le capital de première catégorie des coopératives financières comme Desjardins ne se compose pas de capital-actions, mais plutôt de parts de qualification et de «réserves générales» (bénéfices non répartis).

«Dans la nomenclature, il faut s'assurer d'être là», a souligné Mme Leroux. Pour passer le message, elle a profité de sa présence à Davos pour rencontrer le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, et le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney.

La dirigeante a également discuté de la question avec ses homologues de deux grands groupes coopératifs européens, Rabobank (Pays-Bas) et le Crédit mutuel (France), également présents à Davos.

À moyen terme, Mme Leroux souhaite également que le mouvement coopératif soit mieux représenté au Forum économique mondial, où les banques dominent depuis des années.

«Il faut être présent là où ça compte, a-t-elle noté. Si on n'est pas là, eh bien on ne peut pas reprocher aux autres de prendre leur place.»

Haïti

Le Mouvement Desjardins a par ailleurs répondu à l'appel lancé à Davos par l'ancien président américain Bill Clinton visant à relancer les investissements privés en Haïti, ravagé par un important tremblement de terre le 12 janvier.

En compagnie d'une vingtaine d'autres dirigeants, Mme Leroux a pris part à une rencontre à laquelle étaient conviées des entreprises désireuses de s'engager en faveur d'Haïti.

Développement international Desjardins (DID) a convenu d'accélérer le soutien technique qu'il apporte à la fédération des caisses populaires haïtiennes, qui sont actuellement au nombre d'une cinquantaine.

Une délégation de Desjardins se rendra dans le pays dès que la situation se sera stabilisée, vraisemblablement en mars ou en avril. L'investissement de DID en Haïti pourrait totaliser 1 million $ au cours des prochaines années.

Ristournes

Finalement, le conseil d'administration de Desjardins a recommandé que les prochaines ristournes des caisses s'établissent à 35 pour cent des excédents de l'année 2009, contre 30 pour cent l'an dernier, dans la foulée de la crise financière, a confirmé Mme Leroux.

Au cours des 15 dernières années, le pourcentage des excédents consacré aux ristournes a varié entre 0 et 50 pour cent.

«Quand on garde un tiers des excédents pour la ristourne, un tiers pour le développement et un autre tiers pour la pérennité, c'est un équilibre qui fait bien du bon sens», a affirmé Mme Leroux.

«De plus en plus, je pense que les membres vont se dire «c'est effectivement important une ristourne, mais est-ce que le Mouvement Desjardins va rester une institution solide?» Je pense qu'il faut qu'on soit capables d'avoir un équilibre entre les deux.»