Les responsables européens le chantaient tous en choeur vendredi: la Grèce peut se sortir seule de son déficit. Ils tentaient ainsi de faire taire les rumeurs de presse qui faisaient état d'un possible plan de sauvetage européen, et surtout de rassurer les marchés financiers: s'ils venaient à s'affoler, ces derniers pourraient mettre en difficulté Athènes, ce qui risquerait de se répercuter sur les autres pays de la zone euro.

Le premier ministre grec, Georges Papandreou, a fermement démenti avoir engagé des discussions avec d'autres gouvernements européens en vue d'un plan de sauvetage économique. La Grèce affiche un déficit de 12,7 % du produit intérieur brut (PIB) mais elle peut se tirer seule du pétrin, affirme-t-il, en réduisant ses dépenses publiques.

«Le mot «plan B» est tout simplement absent de notre vocabulaire», a déclaré son ministre des Finances, Georges Papaconstantinou. Les deux hommes se trouvaient au Forum économique mondial, à Davos, où ils n'ont cessé de clamer leur détermination à sortir du rouge dans les prochaines années, et ce en appliquant un plan drastique de réduction des dépenses publiques.

«Nous allons faire ce qui doit être fait pour réduire le déficit», a assuré M. Papaconstantinou aux journalistes.

«La Grèce se trouve dans une situation où des mesures très fortes doivent être prises, a convenu M. Papandreou. Nous devons restaurer la confiance (...) Nous sommes résolus à mettre en oeuvre ce plan.»

Les autres responsables européens affirmaient aussi que la Grèce pouvait et devait se tirer d'affaire elle-même. «Il n'y a pas de plan de sauvetage», a ainsi déclaré la ministre française de l'Économie, Christine Lagarde, à l'issue d'un entretien à huis clos avec le commissaire européen Joaquin Almunia et Jean-Claude Trichet, le directeur de la Banque centrale européenne (BCE).

«Les contribuables britanniques ou allemands ne peuvent pas financer les défaillances des autres», a également estimé le ministre allemand de l'Économie, Rainer Bruederle.

«C'est la première épreuve de ce genre pour la zone euro», a remarqué Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI). Selon lui, la Grèce est «dans une situation difficile» et a «beaucoup d'efforts à faire». «À l'intérieur de la zone euro, la solidarité peut jouer suffisamment pour régler cela», a-t-il dit.

La crise grecque est un test crucial pour la zone euro, qui regroupe 16 pays. La crédibilité de la monnaie unique serait fortement mise à mal si la Grèce se retrouvait en défaut de paiement ou bien si elle devait avoir recours à un vaste renflouage pour éviter cela.

Les marchés financiers pourraient alors vendre massivement les obligations d'autres pays européens, à l'économie jugée aussi fragile. Les gouvernements de ces pays seraient alors soumis, au moment d'emprunter de l'argent, à des taux d'intérêt élevés, ce qui détériorerait encore davantage leur situation.

Outre la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne affichent des dettes records. Madrid a ainsi annoncé vendredi que son déficit flirtait avec les 11,4 % du PIB.

Dans ce contexte, l'euro a chuté. Il ne valait plus vendredi que 1,3913 $ US, son taux le plus bas depuis six mois, bien au dessous du 1,5144 $ US qu'il avait atteint en novembre.