La Commission européenne a de nouveau épinglé la Grèce pour le manque de fiabilité de ses statistiques économiques, dans un rapport publié mardi qui fait état de «graves irrégularités» et augmente les risques d'une procédure officielle contre Athènes.

En octobre, la Grèce a fortement révisé sa prévision de déficit public à 7,7% contre 5% avant, et celle pour 2009 à 12,5% contre 3,7%.

Cela a été d'autant plus mal accueilli qu'elle avait fait scandale en se qualifiant en 1999 pour entrer dans la zone euro sur la base de statistiques de déficit minorées.

«Ces révisions récentes sont une illustration du manque de qualité des statistiques budgétaires grecques», souligne Bruxelles dans son rapport.

Elle y relève de «graves irrégularités» dans les notifications de statistiques faites en avril et octobre 2009, comme la transmission de données incorrectes et le non-respect des règles comptables.

Les derniers chiffres fournis par la Grèce n'ont toujours pas été validés par l'office européen des statistiques Eurostat à cause d'un «nombre substantiel de questions sans réponse» qui «devront être résolues».

«Il ne peut être exclu que ceci conduise à de nouvelles révisions des prévisions de déficit et de dette du gouvernement grec pour 2008, mais aussi pour les années précédentes», prévient Bruxelles.

Le rapport liste en outre des «manquements des institutions grecques», estimant que «la situation actuelle ne garantit pas l'indépendance, l'intégrité et la responsabilité des autorités statistiques nationales».

«Mauvaise coopération», «manque de responsabilités claires» ou «absence d'instructions écrites et de documentation (...) laissent la qualité des statistiques fiscales sujette aux pressions politiques et aux cycles électoraux».

«La situation peut seulement être corrigée par une action décisive du gouvernement grec», non seulement pour régler les problèmes de méthode mais aussi pour «mettre en place des pratiques transparentes et sûres entre les services concernés» et pour «garantir l'indépendance professionnelle et la totale responsabilité» de l'office grec des statistiques, conclut Bruxelles.