Le chômage, qui ne cesse d'augmenter dans la zone euro, a atteint pour la première fois le seuil symbolique de 10%, donnant une nouvelle preuve que les conséquences de la crise sur l'emploi sont loin d'être terminées.

les chiffres publiés vendredi par l'office européen des statistiques Eurostat.

C'est son plus haut niveau dans la zone euro depuis août 1998. Celle-ci n'existe que depuis 1999, mais Eurostat a reconstitué les données pour les mois précédents.

Sous l'effet de la crise économique, le nombre de personnes à la recherche d'un emploi n'a cessé d'augmenter depuis l'été 2008, où il n'était encore que de 7,5% de la population active.

Dans l'ensemble des 27 pays de l'Union européenne, le taux de chômage a également augmenté en novembre à 9,5%, un record depuis le début de la série de statistiques en janvier 2000.

Il est resté stable en Allemagne à 7,6%, selon Eurostat. Mais il a augmenté légèrement dans les autres grandes économies de la zone euro: à 19,4% en Espagne, qui bat tous les records (contre 19,3% en octobre), à 10% en France (contre 9,9%) et 8,3% en Italie (contre 8,2%).

Eurostat a recensé en novembre 102 000 chômeurs de plus qu'en octobre dans les seize pays partageant l'euro.

«La bonne nouvelle, c'est que c'est la plus faible hausse (mensuelle) depuis juin 2008, après une augmentation de 156 000 en octobre», a relativisé Howard Archer, économiste à l'institut IHS Global Insight.

La hausse du chômage en Europe est freinée temporairement du fait notamment de l'amélioration de la conjoncture, alors que la zone euro est sortie de la récession au troisième trimestre, explique-t-il.

Par ailleurs, la hausse du chômage est «actuellement limitée dans une certaine mesure par le soutien à l'emploi mis en place par les gouvernements dans un certain nombre de pays, particulièrement en Allemagne», ajoute-t-il.

Cependant, le nombre de chômeurs a augmenté de plus de 3 millions depuis un an dans la zone euro. Et les économistes prévoient qu'il continue à croître pendant un certain temps, car le chômage réagit toujours avec un décalage par rapport à l'évolution de la conjoncture.

Cette évolution continue de nourrir les tensions sociales, alors que les plans sociaux se poursuivent en Europe.

En Belgique, c'est le géant mondial de la bière Anheuser-Busch InBev qui a annoncé vendredi son intention de supprimer 10% de sa main d'oeuvre en Europe occidentale, soit 800 employés, provoquant des actions de protestation de ses salariés belges.

La Commission européenne prévoit que le chômage atteigne un taux moyen de 10,7% cette année, puis de 10,9% en 2011 dans la zone euro, après 9,5% en 2009. Elle table sur une stabilisation progressive de l'emploi seulement vers la fin de 2010 et au cours de l'année 2011.

«Les perspectives ne sont pas bonnes», souligne Cédric Thellier, économiste chez Natixis, pour qui le chômage devrait continue à augmenter jusque fin 2011.

«Il semble toujours probable que le chômage dans la zone euro continue à augmenter significativement en 2010», souligne Howard Archer, qui estime que cela aura pour conséquence de limiter la consommation, en grevant le pouvoir d'achat des ménages.

Selon lui, la croissance «ne devrait pas être assez forte pour générer de nouveaux emplois pendant encore un temps considérable».

«Ce que l'on va avoir très probablement, c'est une reprise sans emploi», renchérit Jean Pisani-Ferry, de l'institut d'études européennes Bruegel. «Il faudrait pour l'éviter une reprise très forte, et ce n'est malheureusement pas ce que l'on voit», renchérit-il.