Oubliez la crise économique de Dubaï, du moins l'espace d'une journée. L'émirat a inauguré aujourd'hui le plus haut gratte-ciel jamais construit, six ans après la première pelletée de terre de ce projet pharaonique.

Quelque 6000 invités étaient attendus pour le lancement en grande pompe du Burj Dubai, une tour effilée de verre et d'acier de 828 mètres, qui a coûté 1,5 milliards de dollars US à construire.  

Le souverain de Dubaï, cheikh Mohammad ben Rached Al-Maktoum, a dévoilé une plaque et prononcé une brève allocution pendant laquelle il a rebaptisé Burj Dubai en «Burj Khalifa», du nom du chef de l'Etat de la fédération des Emirats arabes unis, cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane, dont Dubaï fait partie.

«Les Émirats arabes unis réalisent aujourd'hui le plus haut bâtiment jamais construit de la main de l'homme (...) et cette grande réalisation mérite de porter le nom d'un grand homme. J'inaugure aujourd'hui Burj Khalifa», a notamment dit cheikh Mohammad.

Des parachutistes ont ensuite touché le sol en portant les couleurs des Emirats arabes unis, rouge, vert, noir et blanc, tandis qu'un portrait géant de de cheikh Khalifa se dessinait sur un mur d'enceinte. 

Plus tôt ce matin, les journalistes ont eu droit à une visite en première mondiale de l'observatoire situé au 124e étage. La montée dans l'ascenseur se fait en à peine 60 secondes et le panorama impressionne, une fois là-haut. On voit au loin les îles artificielles en forme de mappemonde, et tout autour, des gratte-ciel aux formes futuristes.

Le président du promoteur Emaar Properties, Mohamed Alabbar, était sur place. Il s'est montré confiant envers l'avenir de Dubaï, dont la montagne de dettes de plus de 100 milliards inquiète depuis deux mois les investisseurs du monde entier.

«Rappelez-vous que la crise a aussi frappé à New York, Londres, Los Angeles, Tokyo et Shanghai, a lancé M. Alabbar en point de presse. Les crises arrivent et disparaissent, et les villes vont de l'avant.»

Reste que l'éclatement de la bulle immobilière a fait très mal à Dubaï, avec une baisse moyenne des prix de 50% depuis le sommet de 2008. Pire, le recul se poursuivra cette année selon les analystes, tant du côté résidentiel que commercial.

Thomas Dempsey, directeur général du Burj Dubai, a néanmoins affirmé à La Presse que l'immeuble n'était pas trop frappé par la crise. Environ 90% du projet - qui inclut 1044 appartements, des bureaux et un hôtel de luxe - a été vendu, a-t-il dit. «Seules quelques personnes ont choisi de rompre leurs contrats.»

Les premiers occupants arriveront dès le mois prochain.

Les dirigeants d'Emaar n'ont visiblement pas trop envie de parler des troubles financiers de l'émirat aujourd'hui, après tout le «buzz» créé autour de l'inauguration du Burj Dubai. C'est jour de fête, d'autant plus que l'événement coïncide avec le quatrième anniversaire de l'accession au pouvoir du cheik Mohammed Bin Rashid Al Maktoum.

Le leader absolu de Dubaï, apprécié par une bonne partie de la population pour sa vision audacieuse (et coûteuse), était présent aux cérémonies de ce soir.

Des feux d'artifices, fontaines d'eau et autres spectacles se sont déroulés dès 19h30 (10h30 heure de Montréal). Les festivités s'annonçaient toutefois moins somptueuses que celles qui avaient marqué l'ouverture de l'hôtel Atlantis en novembre 2008 à Dubaï, selon certaines sources. Cet événement extravagant avait coûté plus de 24 millions.

 

Une tour de records

Et qu'en est-il de cette fameuse tour ? Le Burj Dubai fracasse plusieurs records : plus haut gratte-ciel jamais construit (828  mètres), nombre d'étages le plus élevé (plus de 160), observatoire le plus haut (au 124e), ascenseur le plus long et le plus rapide.

Au total, la construction de cette tour a requis 330 000 mètres cube de ciment, 103 000 m2 de verre et 39 000 tonnes d'acier. La température varie de 8 degrés Celsius entre la base et le sommet de cette mégastructure, qui peut être aperçue à 95 kilomètres à la ronde par temps clair.

En période de pointe, quelque 12 000 travailleurs se sont affairés sur le chantier, originaires pour la plupart de l'Inde, du Pakistan et du Bangladesh.

Les piètres conditions de vie de plusieurs de ces ouvriers - sur le chantier du Burj Dubai et ailleurs aux Émirats arabes unis - soulèvent l'indignation des groupes de défense des droits humains depuis des années. Un sujet tabou pour le gouvernement.

La tour constitue le point central d'un nouveau quartier en développement, Downtown Burj Dubai, dont le coût total est estimé à 20 milliards US. Le secteur comprend des villas luxueuses, des canaux et le plus grand centre commercial du monde, le Dubai Mall.

 

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