L'agence de notation Standard & Poor's a annoncé mercredi avoir abaissé la note à long terme de la dette de la Grèce en raison de la dégradation de la situation financière du pays qui suscite une inquiétude croissante sur les marchés et au sein de l'Union européenne.

L'agence américaine a baissé la note de A- à BBB+. L'agence Fitch avait pris la même décision le 8 décembre.

L'annonce de Standard & Poor's a aussitôt provoqué un recul de l'euro sur le marché des changes. Vers 12h45, il cotait 1,4546 dollar contre 1,46 dollar avant l'annonce.

La notation financière vise à estimer le risque de défaut d'un emprunteur. Une dégradation de cette note oblige celui-ci à offrir des taux d'intérêt plus élevés lorsqu'il émet un nouvel emprunt. En d'autres termes, la Grèce devra payer plus cher pour financer son déficit budgétaire.

La Commission européenne a ces derniers jours appelé le gouvernement grec à prendre rapidement des mesures pour réduire les déficits publics en coupant dans les dépenses.

Celui-ci a annoncé des mesures qui n'ont pour l'instant pas permis de rétablir la confiance.

Expliquant sa décision dans un communiqué, Standard & Poor's estime que «les mesures que les autorités grecques ont annoncées récemment pour réduire le déficit budgétaire ont peu de chances (...) de se traduire par une réduction durable du fardeau de la dette publique».

L'agence envisage même de réduire davantage la notation «si le gouvernement ne peut obtenir le soutien politique suffisant pour mettre en oeuvre un programme crédible de consolidation budgétaire à moyen terme».

Standard & Poor's relève que «les efforts du gouvernement pour réformer les finances publiques rencontrent des obstacles sur le plan national qui vont probablement nécessiter des efforts soutenus sur plusieurs années».

Sous la pression des marchés et de ses partenaires européens, le Premier ministre grec Georges Papandréou a annoncé lundi un premier train de mesures imposant une cure d'austérité à la fonction publique, notamment une réduction de 10% des dépenses, un gel pour les salaires de base supérieurs à 2.000 euros et un coup de frein aux embauches en 2010.

Les syndicats grecs proches du parti communiste et de la gauche radicale ont appelé à une grève générale jeudi, après l'annonce de ces mesures.

Cet accès d'inquiétude concernant la Grèce fait suite à l'annonce par le gouvernement de nouvelles prévisions économiques. Il prévoit un déficit public de 12,7% du Produit intérieur brut (PIB) et une dette publique de 113% du PIB pour la fin de l'année et à 120% en 2010.

Dernier responsable européen en date à s'exprimer sur le sujet, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a dit mercredi avoir «de gros soucis» sur la situation financière de la Grèce, dont il a rencontré le ministre des Finances en début de semaine.

Ce dernier, Georges Papaconstantinou, sera jeudi à Francfort pour rencontrer des investisseurs institutionnels.

La troisième grande agence de notation, Moody's, n'a pas modifié la note de la Grèce récemment mais a indiqué fin octobre qu'un abaissement était envisagé.