Les comptes du Club Méditerranée ont replongé dans le rouge en 2009, accusant une perte de plus de 50 millions d'euros, mais l'opérateur touristique maintient sa stratégie axée sur le haut de gamme et voit en la Chine un nouvel Eldorado avec l'ouverture de 5 villages d'ici 2015.

«Nous avons traversé la crise plutôt bien, toutefois nous avons souffert comme tout le monde», a déclaré vendredi le PDG du groupe Henri Giscard d'Estaing, qui n'a pas fait de prévision pour 2010.

Sur l'exercice 2008/2009 clos au 31 octobre, la perte nette s'élève à 53 millions d'euros contre un bénéfice net de 2 millions un an plus tôt pour deux raisons principales: la crise et les coûts de restructuration.

Hors éléments exceptionnels comme les fermetures du complexe Club Med World à Paris ou des villages non rentables à l'instar de Bora Bora (Polynésie), la perte se réduit à 3 millions d'euros.

La crise a fait perdre au Club Med 133 000 clients sur l'année et entraîné une baisse du chiffre d'affaires de 8,3%.

«Ce manque de volume nous a privé des fruits de notre stratégie l'année même où notre business model allait donner sa pleine efficacité», a souligné M. Giscard d'Estaing.

Le PDG du groupe s'est félicité en revanche du maintien du résultat opérationnel courant des villages, à 36 millions d'euros contre 35 précédemment, ainsi que de celui du revenu par lit disponible à 91,4 euros (-0,5%).

Une rentabilité obtenue grâce à des mesures «rigoureuses» d'économies qui se sont montées à 63 millions d'euros et ont entraîné 180 suppressions d'emplois.

Pour 2010, la réduction des coûts sera encore d'actualité, passant par exemple par les ventes en direct qui devront atteindre 60% (dont 20% sur internet) en 2012 contre 57% (dont 15%) en 2009.

Le PDG met en avant également les gains de clients haut de gamme, cible visée depuis 2004. L'objectif du groupe est d'avoir les deux-tiers des villages dans les catégories 4 et 5 Tridents en 2012.

Pour la première fois, le Club enregistre plus de clients (55%) dans cette catégorie «malgré la crise», par rapport aux 2 et 3 Tridents, en recul de 20% avec une baisse de capacité équivalente.

En 2010, soit 60 ans après sa création, le Club Med va s'implanter en Chine avec une ambition «à la hauteur de la taille du pays et de sa croissance», a prévenu M. Giscard d'Estaing. Le premier village ouvrira à Yabuli, une station de ski du nord à la fin 2010.

Les chiffres du tourisme chinois donnent le tournis: 115 milliards d'euros en 2008, une croissance annuelle de 22% depuis 30 ans, 1,7 milliard de Chinois qui effectuent des voyages domestiques, etc.

En 2009, le Club a accueilli 23 000 clients chinois dans ses villages asiatiques. À l'horizon 2015, après l'ouverture prévue de cinq villages en partenariats au rythme d'un par an, le Club ambitionne d'accueillir 200 000 membres chinois et de faire du pays son 2e marché derrière la France.

À plus court terme, le groupe voit la saison d'hiver plutôt avec optimisme grâce à un rattrapage du retard dans les réservations (-13,6% au 5 décembre). Mais depuis octobre, les réservations ont bondi de 22,5% sous l'effet des réservations de dernière minute.

«Le taux d'occupation devrait être du même ordre que celui de décembre 2008», a assuré le groupe.

Désormais, les analystes attendent à présent la réaction de Bernard Tapie, qui détient environ 1% du capital et a multiplié les attaques contre la stratégie du Club Med cette année. L'homme d'affaires avait promis de s'exprimer après la publication des résultats annuels.