L'agence de notation financière Moody's a affirmé lundi que la crise de la dette de Dubaï ne devrait pas affecter la solidité des finances d'Abou Dhabi, riche en pétrole, et du gouvernement fédéral des Emirats arabes unis, dont elle maintient la notation à Aa2.

Dans un communiqué, Moody's estime que l'annonce d'une restructuration de Dubai World et d'une demande d'un moratoire sur sa dette ne devrait «pas menacer» la solidité des finances d'Abou Dhabi et du gouvernement fédéral.

«La stabilité macro-économique (des Emirats) est protégée par le statut du pays comme un solide créancier net, réconforté par la richesse pétrolière cumulée d'Abou Dhabi», écrit Tristan Cooper, analyste en chef à Moody's.

«La situation financière des Emirats et d'Abou Dhabi en particulier demeure saine», ajoute-t-il.

Les avoirs à l'étranger de l'Abu Dhabi Investment Authority (ADIA), le fonds souverain d'Abou Dhabi, «dépassent considérablement à eux seuls la dette extérieure du pays», souligne Moody's.

«Les avoirs d'ADIA représentent toujours plus que le double de la valeur du PIB d'Abou Dhabi», estimé à 142 milliards de dollars en 2008, selon le communiqué, indiquant que ces avoirs sont «au moins» de l'ordre de 284 milliards de dollars.

«La solidité financière d'Abou Dhabi, et par extension du gouvernement fédéral, est soutenue par les réserves d'ADIA et les autres entreprises d'Abou Dhabi, dont l'Abu Dhabi Investment Council et la compagnie pétrolière publique ADNOC», poursuit le texte.

Selon Moody's, «il est très probable que l'économie de Dubaï, qui représente près du tiers du PIB des Emirats, soit sévèrement affectée» par les difficultés de Dubai World, lesquelles «ont montré qu'il y a des limites dans la volonté du gouvernement d'Abou Dhabi (...) à soutenir les compagnies publiques endettées dans les autres émirats» membres de la fédération.

La semaine dernière, Moody's a rétrogradé la notation de six compagnies liées au gouvernement de Dubaï, dont Dubai World, au lendemain de l'annonce mercredi de la demande d'un moratoire de six mois du paiement de la dette de ce conglomérat.

Les Émirats arabes unis sont une fédération de sept émirats avec Abou Dhabi pour capitale.

Les conséquences sur les notes des banques peu probables

Aucune grande banque internationale n'a a priori d'exposition suffisante à la crise de la dette de Dubaï pour voir sa note de dette affectée, affirme l'agence de notation Moody's dans une note lundi.

«L'annonce de la restructuration de la dette du conglomérat Dubaï World a immédiatement fait chuter les marchés d'action dans le monde», constate Moody's.

«Cette réaction a été partiellement provoquée par le manque de clarté autour de la véritable exposition (des créanciers de Dubaï World) combiné à des opportunités de spéculation et de courtage», commente l'agence de notation.

L'émirat de Dubaï a annoncé mercredi son intention de demander aux créanciers du conglomérat e Dubai World, qui contrôle notamment le géant immobilier Nakheel, de surseoir de six mois, jusqu'au 30 mai 2010, au paiement de la dette arrivée à maturité.

«Les plus grandes banques n'ont pas révélé leur exposition à Dubaï World (...), mais les grandes banques britanniques sont connues pour être des prêteuses actives au Moyen-Orient, y compris Dubaï», remarque l'étude.

Toutefois, «notre analyse nous fait estimer qu'aucune grande banque britannique ou internationale n'a d'exposition suffisante à Dubaï World pour voir ses notes affectées», ajoute Moody's.

«Quelques banques américaines ont des relations d'affaires fortes avec des firmes de Dubaï et des autres émirats, et n'ont pas encore dévoilé leurs estimations de leurs expositions, un processus retardé par long week-end de Thanksgiving aux Etats-Unis», poursuit Moody's.

«Mais d'après notre compréhension des expositions directes, des conséquences sur les notes de crédit sont peu probables», conclut Moody's.