Le gouvernement socialiste espagnol a réaffiché vendredi sa volonté de «changer de modèle économique» en réaction à la crise très violente qui frappe l'Espagne depuis plus d'un an, avec la présentation d'un projet de loi préliminaire dit «d'économie durable».

Cet «avant-projet de loi de l'économie durable intègre un ensemble de réformes structurelles destinées à aider les entreprises à orienter leurs activités vers des secteurs qui sont générateurs de croissance à long terme et d'emplois durables d'un point de vue économique, social et environnemental», a expliqué le gouvernement à l'issue d'un conseil des ministres.

Après plus de dix ans de forte croissance, l'Espagne a été très durement frappée par la crise économique en 2008 en raison de l'effondrement de la construction et de la chute des commandes pour une industrie manufacturière plutôt traditionnelle et employant une main d'oeuvre peu qualifiée.

Avec ce nouveau projet de loi, qui fait suite à plusieurs plans de relance, le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero entend notamment promouvoir l'innovation et les économies d'énergie avec une extension des déductions fiscales pour les investissements en recherche et développement et pour les dépenses en économies d'énergie.

Le projet qui avait fait l'objet d'une annonce préliminaire par M. Zapatero en mai, prévoit aussi la réforme des organismes de régulation des secteurs de l'énergie, des télécoms, de la poste et de la Commission nationale de la concurrence pour créer un «cadre réglementaire stable et prévisible».

Il prévoit aussi des mesures pour accroître et favoriser le jeu de la concurrence.

C'est une loi «fourre-tout» dont l'efficacité finale reste à prouver, a critiqué sur son site internet le journal libéral El Mundo pour qui «il ne sert à rien» de vouloir programmer l'économie.

L'un des pays européens les plus durement frappés par la crise, l'Espagne peine à sortir de la récession et connaît une envolée spectaculaire du chômage (près de 18% de la population active).

Le gouvernement qui répète que le plus dur est passé, prévoit de terminer l'année 2009 avec une contraction de son PIB de 3,6% (contre +1,2% en 2008)

Réagissant à l'annonce du gouvernement socialiste, le Parti Populaire (l'opposition conservatrice) a accusé celui-ci de n'avoir pas de stratégie cohérente pour sortir l'Espagne de la pire récession qu'elle ait connue depuis des décennies.

Le chef du PP Mariano Rajoy a qualifié la nouvelle stratégie du gouvernement socialiste d'«énième annonce d'une série d'annonces interminables qui ne résolvent rien et qui ne font que rendre les choses pires».

Le PP souligne qu'avec un déficit escompté de 10% du Produit Intérieur Brut (PIB), le gouvernement n'aura pas l'argent nécessaire pour réaliser ses objectifs économiques.

Le patronat espagnol estime pour sa part que le gouvernement doit réduire les frais de licenciement pour encourager les entreprises à embaucher et donner ainsi un coup de fouet à l'économie. Mais, M. Zapatero a réfusé à plusieurs reprises de réduire les droits des salariés.