Aux prises avec des dettes de 59 milliards US, Dubai World cherche à remettre à plus tard des paiements sur ses titres de dette, ce qui a fait gonfler les contrats pour protéger l'émirat contre une défaillance.

L'entreprise contrôlée par l'État demandera à tous ses créanciers de signer un accord d'«immobilisation» pendant qu'elle négocie pour prolonger le terme de ses dettes, y compris 3,52 milliards en obligations islamiques dont l'échéance arrive le 14 décembre et qui ont été émises par sa division immobilière Nakheel PJSC. C'est cette division qui a construit les célèbres îles en forme de palmier.

 

Moody's Investors Service a indiqué qu'il considérerait ce projet comme une défaillance si les détenteurs d'obligations étaient contraints d'en accepter les dispositions.

«Le fait de prolonger l'échéance des titres de dette de Nakheel nourrit l'incertitude du marché quant à savoir quel titre de dette Dubaï honorera en entier», soutient Rachel Ziemba, une analyste de Roubini Global Economies, à New York. «Ils semblent désespérés, ajoute-t-elle, et le marché craint qu'à long terme l'endettement de Dubaï n'augmente plutôt que de diminuer.»

Dubaï a accumulé des dettes de 80 milliards US pour assurer l'essor de ses activités dans le domaine bancaire, en immobilier et en transport avant que les marchés de crédit ne gèlent l'an dernier. Les contrats pour protéger les investisseurs contre une défaillance ont augmenté de 116 points de base à 434 points hier, un sommet depuis qu'ils ont commencé à être négociés en janvier dernier.

Cette situation vaut à Dubaï le sixième rang parmi les emprunteurs gouvernementaux les plus à risque, d'après les prix des swaps sur défaillance colligés par CMA Datavision, à Londres. Ces contrats, qui croissent à mesure que les perceptions sur la qualité du crédit diminuent, sont plus élevés que ceux de l'Islande après avoir progressé de 131 points de base en novembre, plus forte augmentation mensuelle depuis janvier.

Inquiétude

Les investisseurs deviennent plus inquiets parce que l'émirat n'a pas indiqué comment il entendait honorer plus de 9 milliards en dettes dont l'échéance viendra au cours des quatre prochains mois. Hier, Dubaï a annoncé qu'il avait emprunté 5 milliards auprès de banques contrôlées par le gouvernement d'Abou Dhabi, soit la moitié des 10 milliards que Sheikh Mohammed Bin Rashid Al-Maktoum, le dirigeant de Dubaï, a dit avoir l'intention de lever d'ici la fin de l'année.

L'émirat n'a pas de ressources pétrolières significatives, contrairement à Abou Dhabi.

En octobre, l'agence de notation financière Standard and Poor's avait indiqué dans une étude que les firmes publiques de Dubaï devraient honorer au cours des trois prochaines années des dettes de quelque 50 milliards de dollars, représentant 70% du PIB estimé de cet émirat du Golfe.