Macao et Las Vegas sont deux grandes capitales mondiales du jeu, mais elles ne sont pas du même moule. L'aspect divertissement est beaucoup moins gagnant dans la ville chinoise. Même le Cirque du Soleil n'attire pas les foules.

Le Wall Street Journal a rapporté cette semaine que le spectacle ZAIA, présenté au complexe Venetian Macao, est loin de faire salle comble. La salle de 1800 places n'est remplie en moyenne qu'à 65% de sa capacité cette année, ce qui inclut les billets vendus au rabais. La direction du complexe a qualifié cette situation d'«inacceptable».

L'entreprise Las Vegas Sands, qui gère le Venetian à Macao, a pris le taureau par les cornes. Elle a réduit de 10 à 8 le nombre de spectacles hebdomadaires. Et si l'assistance moyenne ne s'améliore pas, le spectacle sera tout simplement mis de côté, a déclaré cette semaine le président du conseil, Sheldon Adelson.

L'entreprise avait investi 150 millions US pour lancer ZAIA, en août 2008.

Il s'agit du premier spectacle du genre à être présenté à Macao, a expliqué à La Presse Affaires le président et chef de la direction du Cirque du Soleil, Daniel Lamarre. «Quand on a été joint par Sands, on leur a dit qu'il était prématuré de faire un spectacle. Mais ils étaient prêts à investir pour le faire maintenant.»

Macao, ancienne enclave portugaise située au sud de la Chine, est essentiellement une ville de casinos, où les visiteurs tentent leur chance et puis s'en vont. Contrairement à Las Vegas, Macao tire la presque totalité de ses revenus du jeu. «Sands croyait beaucoup que l'essor de l'industrie du divertissement allait se faire rapidement à Macao, relate M. Lamarre. Nous n'y croyions pas.»

Les deux parties ont donc Les deux parties ont donc convenu que le Cirque toucherait des profits garantis pendant les trois premières années du spectacle. «Nulle part ailleurs n'avions-nous utilisé ce genre de formule, précise Daniel Lamarre. On disait que ça prendrait au moins trois ans pour que ça se développe. Malheureusement, nous avions raison.»

«Vous parleriez à quelqu'un de très malheureux aujourd'hui si c'est nous qui avions financé le spectacle et si c'est nous qui devions assumer les pertes», ajoute M. Lamarre.

Le marché de Macao, où les revenus du jeu dépassent maintenant ceux de Las Vegas, reste toutefois prometteur à long terme, selon lui.

Las Vegas

À Las Vegas, où le jeu ne représente plus que 40% des revenus totaux de la ville - contre environ 90% il y a deux décennies - le divertissement et le spectacle ont pris du galon. Le Cirque y présente aujourd'hui six spectacles et Viva Elvis s'ajoutera à la mi-décembre.

Mais les temps sont durs dans la ville des péchés. La récession a frappé fort et la reprise sera beaucoup plus lente que dans le reste du pays. «Nous sommes dans un si grand trou, illustre Richard Velotta, journaliste au Las Vegas Sun, dans un entretien avec La Presse Affaires. Les données économiques s'améliorent, mais elles sont encore largement négatives.»

Le City Center, un immense ensemble immobilier construit au coût de 8,5 milliards - et qui contiendra le théâtre de 1800 places du spectacle sur Elvis -, ouvrira progressivement à partir de décembre. Mais par la suite, il n'y a rien à l'horizon sur le plan de la construction commerciale. «Je vis ici depuis 19 ans, et c'est la première fois qu'aucun grand projet ne sera sur les cartons», dit Richard Velotta.

Malgré les difficultés de la ville, le Cirque continue de bien faire, assure Daniel Lamarre. «Au lieu de 40 millions, il y a 36 millions de visiteurs annuels, dit-il. C'est suffisant pour nous. On vendra cette année plus de 5 millions de billets à Vegas.»

Le Cirque a néanmoins adopté un marketing plus agressif. «Tous les taux d'occupation de nos salles sont au-dessus de 80%, se réjouit M. Lamarre. Love et O font salle comble.»

Le spectacle Believe, bâti autour du magicien Criss Angel, paraît attirer des foules moins nombreuses, constate le journaliste Richard Velotta. Mais Daniel Lamarre soutient que le spectacle terminera l'année au-dessus de 80%.

Par ailleurs, le PDG annoncera d'ici deux semaines si le gel de salaires des employés du Cirque se poursuivra pour l'année 2010. Le Cirque avait adopté cette mesure en décembre dernier en guise de prévention pour la durée de la crise.