Entre plans de relance qui ouvrent la porte à toutes les tentations de pots-de-vin et secret bancaire jalousement gardé, l'ONG Transparency International (TI) a renvoyé mardi les pays développés à leurs responsabilités face à la corruption .

Dans le classement annuel de cette organisation basée à Berlin, les pays perçus comme les plus corrompus restent des nations pauvres et ébranlées par des conflits: Afghanistan, Somalie, Soudan ou Irak sont ainsi les lanternes rouges.

À l'inverse, la Nouvelle-Zélande, le Danemark, et Singapour sont les trois pays les «moins corrompus» selon un indice de «perception de corruption» qui recense 180 pays sur la base des 13 sondages réalisés par 10 organisations indépendantes.

Depuis 1995, l'ONG publie chaque année ce classement et attribue des notes allant de 10 pour un État perçu comme «propre» à zéro pour un État perçu comme «corrompu».

Sur 180 États scrutés, seuls 49 ont «la moyenne», c'est-à-dire une note égale ou supérieure à 5.

L'organisation a distribué mauvais et bons points. La Grèce est par exemple épinglée pour la dégradation de sa note, de 4,7 points en 2008 à 3,8 points en 2009, soit la 71e place: une évolution «particulièrement inquiétante», selon un communiqué.

La France pointe elle à la 24e place.

Si les pays pauvres et en guerre restent les plus vulnérables face à la corruption, TI a décidé de ne pas épargner les pays développés. «L'argent corrompu ne doit pas pouvoir trouver des zones de refuge. Il est temps d'en finir avec les excuses», écrit sa présidente internationale Huguette Labelle dans le rapport annuel.

Premier accusé, le secret bancaire qui «pèse sur les efforts visant à combattre la corruption et à récupérer les avoirs volés». Et TI de relativiser son propre indice en relevant que le problème du secret bancaire concerne «de nombreux pays qui dominent le classement.»

Exemples de pays connus pour une législation très protectrice du secteur bancaire mais pourtant bien notés: la Suisse, qui pointe à la cinquième place, ou le Luxembourg, quatorzième.

TI s'est toutefois  félicité du travail de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), notamment sur les paradis fiscaux, mais a estimé que «plus doit être fait en matière de traités bilatéraux concernant les échanges d'information afin de venir à bout du système du secret».

L'ONG pointe aussi les effets pervers des plans de relance massifs lancés par les pays industrialisés pour contrer la crise.

«Quand beaucoup d'argent public est dépensé très rapidement et que les administrations qui gèrent les programmes sont débordées, le risque de corruption augmente. C'est un grand facteur de risque», a souligné Sylvia Schenck, présidente de Transparency International Allemagne, lors d'une conférence de presse.

Face à des grands chantiers et des appels d'offres géants, des entreprises pourraient en effet être tentées de s'assurer les contrats en versant des pots-de vin.

Mme Schenck a aussi relevé que si certains pays développés combattaient activement la corruption sur leur sol, leurs entreprises n'hésitaient pas à la pratiquer à l'étranger.

«Il est toujours très répandu d'entendre, notamment de la part de petites et moyennes entreprises, que dans certains pays il n'est pas possible de faire autrement» que de corrompre les officiels chargés d'attribuer les contrats publics, selon elle.

«De telles excuses ne sont pas acceptables», a-t-elle martelé, en soulignant la responsabilité en cette matière de l'Allemagne (14e place de l'indice), qui se dispute avec la Chine (79e) la place de première économie exportatrice mondiale.