La Russie a réalisé samedi une percée dans son projet de gazoduc South Stream, concurrent du projet Nabucco cher à l'Union européenne, après la signature d'un accord avec la Slovénie, le cinquième des pays européens incontournables pour Moscou.

Désormais, «nous avons signé un accord avec tous les partenaires européens indispensables du projet South Stream», s'est félicité le premier ministre russe, Vladimir Poutine, à l'issue d'une rencontre avec son homologue slovène, Borut Pahor, dans la banlieue de Moscou.

Après la Bulgarie, la Serbie, la Hongrie et la Grèce, la Slovénie est le cinquième pays à participer à South Stream, projet dont le démarrage est officiellement prévu en 2013, avec une capacité qui pourrait atteindre 63 milliards de mètres cubes par an.

«South Stream devient un projet énergétique européen important», a souligné M. Poutine.

L'accord russo-slovène a été paraphé par les ministres de l'Energie russe Sergueï Chmatko et slovène, Matej Lahovnik, dans la résidence du chef du gouvernement russe à Novo-Ogarevo.

Porté par les compagnies russe Gazprom et italienne ENI, South Stream doit acheminer du gaz de Russie vers Europe via la mer Noire, en contournant l'Ukraine, pays fréquemment en conflit avec la Russie dans ce domaine.

Mais «le plus important aujourd'hui, c'est le football», a observé M. Poutine, peu avant le coup d'envoi à Moscou de la rencontre opposant la Russie et la Slovénie, match de barrages pour le Mondial-2010.

«Nous avons voulu signer avant que nos relations ne se détériorent en raison de la victoire notre équipe», a ironisé pour sa part le premier ministre slovène, en souriant à son homologue russe.

Après la signature de l'accord, Gazprom et le groupe énergétique slovène Geoplin plinovodi vont créer une coentreprise, qui réalisera une étude de faisabilité sur le passage de South Stream en Slovénie et sera chargée par la suite de la construction et l'exploitation du gazoduc.

Moscou tisse ainsi sa toile gazière en Europe, où elle avance également ses pions avec Nord Stream, un autre projet de gazoduc destiné à relier la Russie à l'Allemagne en passant sous la mer Baltique par les territoires russe, allemand, finlandais, suédois et danois.

La Suède et la Finlande ont donné le 5 novembre leur feu vert au passage de Nord Stream dans leurs eaux, ouvrant ainsi la voie à ce projet destiné à approvisionner l'Europe en gaz, après l'accord du Danemark le 20 octobre.

Parallèlement, South Stream est considéré comme un concurrent du projet Nabucco, soutenu par l'Union européenne et destiné à acheminer le gaz de la mer Caspienne en contournant la Russie, afin de diminuer la dépendance européenne vis-à-vis du gaz russe.

Début janvier, les Européens avaient subi une longue interruption des livraisons russes au beau milieu de l'hiver, en raison d'un conflit entre la Russie et l'Ukraine, un important pays de transit.

De fait, en signant cet accord avec la Slovénie, Moscou semble faire un nouveau pied de nez à Nabucco, qui a peine à avancer.

Toutefois, selon Valery Nesterov, analyste chez Troïka Dialog, le projet South Stream est «plus avantageux et plus rentable» pour l'Europe que pour la Russie, dans la mesure où «Gazprom prend en charge la majorité des obligations financières».

En outre, «il ne peut pas y avoir d'indépendance vis-à-vis de la Russie, car c'est un voisin de l'Europe. L'Europe a besoin de gaz (...) et la Russie a grand intérêt à stabiliser ses exportations de gaz et à les augmenter», a ajouté M. Nesterov.