L'Union européenne refuse d'appliquer dès à présent une réforme des normes comptables, censée aider à éviter une nouvelle crise financière, dans l'attente de nouvelles propositions de changements, a indiqué vendredi un porte-parole.

Saisie d'une nouvelle norme comptable par l'IASB, l'organisme supra-national qui fixe les règles en la matière en Europe, la Commission européenne et les États de l'UE ont décidé de ne pas l'adopter maintenant, a indiqué le porte-parole de la Commission pour les Services financiers, Oliver Drewes.

La Commission a «décidé qu'elle examinerait une adoption» de cette norme «conjointement avec des phases restantes» d'une réforme plus large dans ce domaine, attendues en 2010, a ajouté le porte-parole.

Les États de l'UE ont entamé depuis des mois un bras de fer avec l'IASB, pour qu'il réforme les normes comptables suite à la crise financière.

L'idée est d'empêcher à l'avenir les lourdes dépréciations automatiques d'actifs qu'a entraînées la règle jusqu'ici en vigueur, qui oblige les institutions financières à évaluer leurs actifs à leur valeur de marché («fair value»). Ce principe comptable avait plombé les bilans des banques et groupes d'assurances pendant la crise.

Les pays de l'UE, en particulier la France et l'Allemagne, reprochent à l'IASB son manque d'allant pour mener cette réforme, qui permettrait de rapprocher le système européen sur celui des États-Unis, assoupli au printemps.

Si cette réforme avait été adoptée maintenant, cela aurait permis que les nouvelles normes soient utilisées par les banques et les sociétés d'assurance dans leurs comptes 2009.

Mais selon une source européenne, «la majorité des États de l'UE» estime que les changements proposés sont «tellement mauvais qu'on préfère pas de solution à une mauvaise solution».

«La copie de l'IASB a été renvoyée» car «non seulement ça ne répond pas aux questions de la crise financière, mais ça les aggrave», ajoute-t-elle, jugeant que les changements proposés par l'IASB «aboutissent à obliger les établissements à valoriser leurs actifs et passifs plus qu'avant à la juste valeur».