Des Sri-Lankais proches de victimes tuées par les Tigres tamouls et des survivants d'attaques du groupe séparatiste ont intenté jeudi un procès aux États-Unis contre le directeur du groupe financier Galleon, principal mis en cause dans une vaste affaire de délit d'initiés.

Ces 29 plaignants, quatre en leur nom propre et 25 en celui de proches décédés, reprochent à Raj Rajaratnam d'avoir «sciemment fourni un soutien financier et matériel aux LTTE (Tigres de libération de l'Eelam tamoul) avec l'intention de faire progresser l'offensive terroriste des LTTE».

Les LTTE ont mené une guerre séparatiste sanglante contre l'État sri-lankais pendant 33 ans, avant d'être vaincus en mai.

La plainte a été déposée devant un tribunal du New Jersey, en vertu d'une loi américaine qui permet à des non-résidents aux États-Unis d'y être justiciables pour des infractions au droit international public ou à un traité de l'Organisation des Nations unies.

Elle visent M. Rajaratnam, arrêté vendredi dans une affaire de délit d'initié dont il est accusé d'avoir tiré de vastes profits, son père, et deux organisations caritatives américaines considérées par les plaignants comme cachant des activités de financement du terrorisme.

La plainte les accuse d'avoir «le sang des plaignants sur leurs mains, car ceux qui ont financé un crime sont tout aussi coupables que ceux qui l'ont perpétré». Les dons aux Tigres tamouls se monteraient à plus de cinq millions de dollars entre 2001 et 2007.

M. Rajaratnam, actuellement libre mais interdit de quitter le territoire américain, clamera son innocence dans cette affaire comme il le fait dans celle de délit d'initié, a indiqué dans un courrier électronique à l'AFP son avocat, Jim Walden.

«L'accusation selon laquelle M. Rajaratnam a soutenu les LTTE est simplement fausse et diffamatoire», a-t-il expliqué, ajoutant que son client avait «la plus grande compassion pour toutes les victimes au Sri Lanka et a un long passé d'aide aux Sri-Lankais de tous les groupes ethniques».

Le Sri Lanka, qui a enquêté sur ces dons, considère pour sa part qu'ils n'avaient rien de répréhensible.

Selon le Wall Street Journal, M. Rajaratnam avait été cité dans une enquête du FBI sur le financement des Tigres tamouls, mais jamais inquiété.

L'association à laquelle il a fait des dons, la Tamil Rehabilitation Organization (TRO), avait oeuvré pour la reconstruction de la côte sri-lankaise, ravagée par un tsunami en décembre 2004. Cette oeuvre caritative avait par la suite été considérée comme un organe de financement de la rebellion des Tigres, et interdite à ce titre aux Etats-Unis et au Sri Lanka à partir de 2007.