Après une longue traversée du désert, le tourisme international montre de premiers signes d'une reprise, mais le pari est loin d'être gagné, les voyageurs étant toujours réticents à dépenser, selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT).

«Il y a un léger mieux dans les chiffres, mais nous ne prévoyons pas de retour à la croissance avant la mi-2010», a déclaré jeudi à l'AFP son secrétaire général, Taleb Rifai, après avoir clôturé à Astana (Kazakhstan) la 18e session de l'assemblée générale de l'OMT.

La crise a changé les habitudes des voyageurs: «Les touristes sont devenus plus exigeants, ils cherchent à dépenser moins, mais cela ne veut pas dire pour autant qu'ils voyageront moins», a-t-il relevé.

Le tourisme international ne devrait pas renouer en 2010 avec des taux record, car le «chômage continue d'augmenter» et freinera les dépenses des touristes, a estimé l'économiste Robert Shelburne.

«2010 sera une année difficile, mais je suis très optimiste pour les perspectives du secteur à long terme», a commenté M. Shelburne, économiste en chef de la Commission économique des Nations unies pour l'Europe, sans avancer de pronostic chiffré.

Après quatre années d'envolée, la croissance du tourisme international a ralenti à 2% en 2008. Le secteur s'est effondré au cours du premier semestre  2009 (-7%), mais la chute a été plus modérée en juillet (-4%). Pour l'année, l'OMT table sur une baisse d'environ 5%.

Seul continent à conserver une croissance en 2009 (+4%), l'Afrique n'est pas pour autant épargnée par la crise: «l'Afrique reste très vulnérable, d'autant que les investisseurs étrangers ont réduit leurs investissements», a déploré Rosette Rugamba, directrice générale de l'Office rwandais du Tourisme.

Quant au secteur aérien, «la crise a commencé en mai 2008 avant de s'atténuer à partir d'août 2009, et les réservations devraient repartir à la hausse en novembre et décembre», a constaté Felipe Gonzalez, conseiller du groupe espagnol Amadeus, géant mondial de la réservation de voyages.

Tablant sur une baisse de 5% du marché aérien en 2009, M. Gonzalez reste prudent pour 2010: «la demande est toujours en dessous des niveaux de 2006 et 2007, et il n'y a aucune visibilité pour l'an prochain».

Selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), le trafic international de passagers a poursuivi sa lente reprise en août, avec un recul de 1,1% après une baisse de 2,9% en juillet et de 7,2% en juin. Mais «la rentabilité n'est pas encore au rendez-vous», avait jugé IATA fin septembre.

Depuis la «Grande Récession» de 2008/2009, le monde compte «90 millions de pauvres de plus» et «il y a donc moins de gens qui peuvent se payer des voyages», a prévenu M. Shelburne devant les délégués réunis à Astana.

Mais les perspectives ne sont pas entièrement sombres: les «classes moyennes montantes en Asie» devraient grossir les rangs des «clients potentiels» de l'industrie touristique et «la baisse des prix du pétrole devrait contribuer à maintenir les prix des transports bas», a fait valoir l'économiste.

«L'année 2010 sera encore difficile car le tourisme continue à pâtir de la montée du chômage et de la grippe H1N1», a estimé Zoheir Garranah, ministre égyptien du Tourisme et président du Comité pour la relance de l'OMT.

Dans sa «feuille de route pour la relance», l'OMT appelle les gouvernements à lever «les obstacles à la croissance», en baissant les taxes pesant sur les voyages, accordant des exemptions de visas et en facilitant l'accès des entreprises de tourisme au crédit.