La Banque centrale européenne (BCE) s'apprête à maintenir ses taux directeurs inchangés jeudi lors d'une réunion de son conseil à Venise (Italie), un statu quo appelé à durer tant que l'incertitude sur la reprise en zone euro demeure.

Deux fois par an, les gardiens de l'euro se retrouvent hors du siège de  Francfort (ouest de l'Allemagne) pour leur conseil de politique monétaire.

Gertrude Tumpel-Gugerell, membre du directoire (organe exécutif de la BCE), a fait savoir lundi que le niveau des taux était «approprié» pour le moment, une autre façon pour la BCE d'indiquer un gel des taux pour les quelques mois à venir.

Il est rare que les banquiers centraux s'expriment sur la politique monétaire dans la semaine précédent la tenue de la réunion, l'usage voulant qu'un silence soit observé.

Mais les déclarations de la responsable n'ont pas bouleversé les marchés, pour qui le principal taux d'intérêt directeur va sans aucun doute rester inchangé jeudi à 1%, son plus bas niveau depuis la naissance de la BCE il y a 11 ans.

Ceux-ci misent sur une remontée des taux, mais pas avant la mi-2010.

L'institution peut se permettre d'attendre avant de resserrer la vis. Aucun danger d'inflation ne plane pour le moment sur la zone euro. Les prix à la consommation ont d'ailleurs baissé de 0,3% sur un an en septembre, pour le quatrième mois d'affilée.

En outre, l'économie, si elle semble en route vers la reprise, reste vulnérable car toujours très dépendante des plans de relance gouvernementaux. «Les perspectives pour la conjoncture restent pour la BCE incertaines», résume Alexander Krüger, économiste à la banque allemande Bankhaus-Lampe.

Les dernières statistiques laissent certes entrevoir un retour à la croissance en zone euro au troisième trimestre, déjà réussi dès le deuxième par ses deux plus grandes économies, l'Allemagne et la France.

Mais la relance s'annonce laborieuse, et les risques d'une rechute sont élevés, comme le répète régulièrement le président de la BCE Jean-Claude Trichet.

Les difficultés d'accéder au crédit, avec des banques toujours réticentes à prêter, peut tuer dans l'oeuf une reprise. Les mesures exceptionnelles, prises par la BCE, qui abreuve les instituts financiers de liquidités bon marché, restent ainsi «justifiées», a jugé Mme Tumpel-Gugerell.

Certains économistes espèrent tout de même avoir quelques indications à Venise sur la période à laquelle la BCE pourrait tourner le dos à sa politique de l'argent pas cher. Mais cela pourrait encore renforcer l'euro face au dollar, alors qu'outre-Atlantique, le président de la Réserve fédérale de New York annonce que les taux d'intérêt américains vont rester durablement bas.

La force de l'euro face au billet vert est une autre menace pour la croissance car elle désavantage les exportateurs en Europe.

Les responsables de la politique et de la finance ont d'ailleurs exprimé leur inquiétude ces derniers jours, et appelé les autorités américaines à s'engager pour un dollar fort.