Malgré des signes encourageants, l'année 2010 restera «très difficile» pour l'industrie touristique, a déclaré lundi à l'AFP Jean-Claude Baumgarten, président du Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC).

   Le WTTC est une association privée basée à Londres regroupant les grands patrons du secteur. M. Baumgarten s'exprimait en marge de l'assemblée générale de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) réunie à Astana (Kazakhstan).

   Q: Le Fonds monétaire international (FMI) a revu en hausse sa prévision de croissance pour 2010, à +3,1%. Quel est votre pronostic pour le secteur du tourisme?

   R: A l'origine, nous avions tablé sur une croissance de 1,5% en 2010, mais nous prévoyons désormais une activité stable par rapport à 2009. L'année en cours devrait se terminer sur une baisse de 4%, plus forte que les -3,5% prévus en mars.

   L'année 2010 sera très difficile, car l'industrie des voyages doit surmonter deux handicaps, la baisse du trafic et la baisse des tarifs. La grippe H1N1 est une circonstance aggravante, sans peser sur la tendance de fond.

   Le chômage reste très élevé dans les pays industrialisés, les derniers chiffres de l'emploi publiés par les Etats-Unis ont fait l'effet d'une douche froide. Les voyages d'affaires sont en chute libre, et les secteurs aérien et hôtelier en souffrent énormément. S'y ajoute l'instabilité des devises comme le dollar et la livre qui pèse sur le trafic international du tourisme.

Q: Vous ne voyez donc pas de signes d'une reprise dans le tourisme?

   R: Il y a des signes d'un ralentissement du déclin, le rythme de baisse est moins soutenu qu'en début d'année, on commence à atteindre le point bas, mais rien ne laisse prévoir à ce stade un retour à une croissance vigoureuse.

   La situation des pays émergents est contrastée: la Chine, l'Inde et le Brésil ont repris le chemin de la croissance depuis juillet, mais le Moyen-Orient et la Russie baissent dans les mêmes proportions que le marché en général (-3,5% à -4%).

Q: Quelles sont les perspectives du secteur à long terme?

   R: Toutes les études montrent que les voyages font partie des priorités des consommateurs et le resteront. La tendance à faire trois ou quatre voyages par an persiste. Les marchés de niche comme le tourisme du golf, le tourisme culturel ou écologique ou encore l'oenotourisme continuent à se développer.

   La croissance du tourisme dans les pays émergents sera plus soutenue que dans les marchés matures. La Chine devrait connaître une croissance de 8% par an, et l'Inde est à la veille d'une explosion touristique, avec 250 millions de ménages qui disposent d'un revenu suffisant pour les voyages.

   A moyen terme, le tourisme va continuer à jouer un rôle important dans l'économie mondiale, comme il l'a fait avant la crise.