Le Fonds monétaire international (FMI) a relevé jeudi sa prévision de croissance mondiale pour 2010, mais averti que la reprise serait lente dans la plupart des régions du monde et que le chômage allait continuer à monter.

«La reprise économique globale a réellement commencé» mais «la crise n'est pas terminée», a résumé jeudi à Istanbul le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn.

«Tant que le chômage ne décroît pas, il est difficile de dire que la crise est terminée», a ainsi souligné le chef de l'institution multilatérale, victime à son tour d'un lancer de chaussure alors qu'il s'exprimait devant des étudiants turcs. Celui-ci ne l'a toutefois pas atteint.

La crise, démarrée fin 2008, n'est pas terminée parce que «le délai entre le retour de la croissance et le sommet de la courbe du chômage peut aller jusqu'à 14 mois», a souligné de ce point du vue M. Strauss-Kahn.

Dans ses «Prévisions économiques mondiales» publiées en vue des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Istanbul, les économistes du Fonds tablent sur 3,1% de croissance en 2010, contre 2,5% estimés en juillet.

En 2009, d'après les projections du FMI, l'économie mondiale devrait avoir connu sa pire année depuis la Seconde Guerre mondiale, avec un produit intérieur brut en recul (-1,1%).

«L'économie mondiale connaît de nouveau l'expansion, et les conditions financières se sont nettement améliorées», relève le Fonds, évoquant une reprise «tirée par les performances solides des économies asiatiques et une stabilisation ou une reprise modeste ailleurs».

Les économies en développement connaîtraient ainsi en 2010 une croissance beaucoup plus forte (5,1%) que les pays développés (1,3%). Celle de l'Asie en développement (7,3%) contrasterait avec celle des États-Unis (1,5%), du Japon (1,7%) et surtout de la zone euro (0,3%).

Parmi les grandes économies, la Chine (9,0%) resterait championne du monde de la croissance, devant l'Inde (6,4%). En queue de peloton, on retrouverait uniquement des pays de la zone euro, dont l'Italie (0,2%) ou l'Allemagne (0,3%).

Le Fonds prévoit que «la reprise sera lente, parce que les systèmes financiers restent endommagés, que le soutien du secteur public devra progressivement être retiré, et que les ménages dans les économies qui ont subi un effondrement du prix des actifs continueront à reconstituer leur épargne».

L'une des autres victimes de la crise a été le commerce mondial, avec un volume d'échanges qui ne croîtrait que de 2,5% en 2010, après une chute de 11,9% en 2009.

Pour les gouvernements, la tâche est délicate, explique encore l'institution internationale.

D'un côté, «les chiffres actuels ne doivent pas aveugler les gouvernements en les incitant à penser que la crise est terminée», a averti jeudi à Istanbul l'économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard. «Les pays doivent éviter une sortie de crise prématurée», mais «ils doivent en même temps préparer des stratégies crédibles de sortie de crise», a-t-il ajouté.

Le FMI a régulièrement appelé depuis plusieurs mois les États à travailler sur ces «stratégies de sortie» qu'il souhaite coordonnées, après la mise en oeuvre de plans de soutien de la demande et du système financier d'une ampleur inédite.

Le FMI plaide aussi pour un rééquilibrage de l'économie mondiale qui verrait le consommateur américain épargner davantage et le chinois consommer plus. De ce point de vue, «nous sommes au milieu du gué», a relevé l'économiste en chef du FMI, soulignant que l'épargne américaine avait fortement augmenté. «Nous ne pouvons pas rester au milieu de la rivière, nous devons traverser», a-t-il ajouté dans une allusion à la Chine.