Après avoir avalé les Petits LU en 2007, le géant mondial de l'alimentation Kraft Foods (KFT) a jeté lundi son dévolu sur le confiseur britannique Cadbury (CBY) , qu'il a proposé de racheter pour près de 12 milliards d'euros, une somme énorme mais qui ne contente pas l'intéressé.

Le titre s'est littéralement envolé à la Bourse de Londres après cette annonce inattendue, terminant en hausse de 37,85% à 783 pence dans un marché qui a gagné 1,68%. L'Américain a offert de racheter Cadbury via une offre en actions et en espèces, fixée à 745 pence par titre du confiseur, ce qui valorise la totalité du capital du groupe britannique à 10,2 milliards de livres (11,7 milliards d'euros).

Cela représente une prime de 31% par rapport au cours de clôture de Cadbury vendredi.

Cadbury a rejeté cette offre, estimant qu'elle «sous-évalue fondamentalement le groupe et ses perspectives» de croissance, et s'est dit «confiant dans sa stratégie d'indépendance».

Mais cette réponse laisse penser qu'il pourrait se laisser tenter, à condition que Kraft, qui a indiqué qu'il allait continuer à essayer de convaincre Cadbury, accepte d'améliorer son offre (en relevant son prix ou sa part en numéraire).

La patronne de Kraft Irene Rosenfeld, a refusé de se laisser entraîner sur ce terrain. «Nous pensons avoir mis sur la table une offre très séduisante», a-t-elle affirmé au cours d'une conférence téléphonique, se disant confiante que sa valeur finirait par être reconnue par Cadbury et ses actionnaires.

D'autres analystes ont évoqué une possible surenchère de concurrents comme l'américain Mars, l'anglo-néerlandais Unilever ou le suisse Nestlé, numéro un mondial de l'alimentation, qui s'était dit le mois dernier prêt à «saisir les opportunités qui se présentent», mais dont le directeur général Paul Bulcke a refusé de faire des commentaires lundi.

Kraft Foods, numéro deux mondial, a plaidé qu'un rapprochement avec Cadbury permettrait de former un colosse dans les snacks, la confiserie et des plats préparés, avec un portefeuille de marques sans égal, et un chiffre d'affaires annuel de 50 milliards de dollars (ou 35 milliards d'euros).

Un tel mastodonte disposerait de positions de pointe sur des marchés émergents clefs, comme l'Inde, le Mexique, le Brésil, la Chine et la Russie, et dégagerait une croissance accélérée, a expliqué Irene Rosenfeld, qui juge le portefeuille du britannique «hautement complémentaire» de celui de Kraft.

Kraft Foods a fait également miroiter «au moins 625 millions de dollars» d'économies de coûts par an, un chiffre qui pourrait être atteint en trois ans, moyennant des frais d'intégration estimés à 1,2 milliard de dollars.

Kraft Foods, ancienne filiale du géant américain du tabac Altria, détient entre autres les biscuits LU (rachetés en 2007 au français Danone pour 5,3 milliards de dollars) et Oreo, les cafés Maxwell et Carte Noire, les chocolats Milka et Côte d'Or, sans oublier les plats préparés avec son célèbre «Macaroni and cheese» (pâtes au fromage). Il réalise la moitié de son chiffre d'affaires aux États-Unis.

De son côté, Cadbury (ex-Cadbury Schweppes), un des principaux fabricants européens de bonbons, chewing-gum et chocolat, constitue une proie attractive  en particulier depuis qu'il a bouclé, au printemps, sa sortie du marché des boissons, entamée il y a plus de trois ans.

Le groupe britannique, fondé en 1824, possède rien qu'en France des marques aussi connues que Carambar, Kréma, La Pie qui chante, Malabar, Vichy, les cachous Lajaunie, sans oublier Hollywood, Stimorol, Kiss Cool ou le chocolat poulain.