Le salon Maks, vitrine de l'aéronautique russe, a ouvert mardi ses portes dans la morosité alors que les espoirs de diversification que le gouvernement faisaient reposer sur elle semblent mis à mal par la crise et des méthodes de gestion discutables.

Le premier ministre Vladimir Poutine a inauguré cette neuvième édition du salon, qui se tient tous les deux ans dans la banlieue de Moscou, assistant aux traditionnels exercices de haute voltige des pilotes russes et à une démonstration de l'avion régional Superjet-100, espoir de l'aviation civile russe. «Aujourd'hui, c'est une fête pour ceux qui aiment l'aviation, ceux qui aiment le ciel, mais il faut commencer notre événement aujourd'hui sur une note triste et tragique», a-t-il déclaré.

L'homme fort de la Russie et l'assistance ont observé une minute de silence à la mémoire du pilote tué dimanche lors de la collision de deux avions militaires Soukhoï Su-27 qui se livraient à des exercices d'acrobatie en préparation du salon.

Le salon, qui se tient jusqu'au 23 août, sera ouvert au grand public à partir de vendredi. Les organisateurs y attendent jusqu'à 600.000 visiteurs, a rapporté la presse russe.

Les premiers contrats ont été signés dès mardi: le plus important prévoit la livraison de 64 chasseurs Soukhoï (48 Su-35C, 12 Su-27CM et 4 Su-30M2) au ministère russe de la Défense d'ici 2015. Le montant de la transaction s'élève à 80 milliards de roubles (1,75 md EUR) selon M. Poutine.

Le premier ministre a aussi profité de l'occasion pour faire part de son mécontentement face à la mauvaise gestion qui règne selon lui dans le secteur aéronautique russe.

Il a ordonné au gouvernement de présenter d'ici au 1er octobre un plan de financement de la branche, tout en fustigeant la holding publique UAC  (Compagnie aéronautique unifiée russe) au sujet de plusieurs contrats conclus à perte.

«L'État n'a pas l'intention de couvrir indéfiniment les pertes des constructeurs et de les hisser hors du gouffre de la dette», a-t-il martelé lors d'une table-ronde.

Le programme gouvernemental devra les aider à se débarrasser de leurs «dettes toxiques accumulées», a-t-il dit. Parallèlement, l'industrie se doit d'opérer aux «conditions du marché».

«Nous comprenons que la situation est compliquée et que les concurrents sur le marché mondial bénéficient d'un soutien direct de la part de leurs gouvernements mais il est inutile de réitérer les erreurs bêtes des autres», a-t-il martelé.

«Bien sûr, nous soutiendrons le secteur aéronautique: sans aviation, l'économie russe n'a pas d'avenir, et on ne peut pas garantir la capacité de défense sans équipements modernes», a-t-il toutefois tempéré.

La Russie, qui tire la plus grande partie de ses recettes à l'exportation des hydrocarbures et autres matières premières, affiche depuis plusieurs années sa détermination à se métamorphoser en pôle financier et technologique mondial, mais ces ambitions ont été vivement contrariées par la crise économique, qui l'a frappée de plein fouet depuis l'automne dernier.

Moscou comptait pour cela beaucoup sur le tout nouveau Superjet-100, avec lequel elle entend concurrencer le brésilien Embraer et le canadien Bombardier et signer la renaissance de son aéronautique civile après des années de marasme.

L'aviation militaire russe, de son côté, a réussi à poursuivre ses exportations pendant les années 90 et à traverser sans trop d'accrocs cette période très difficile pour l'économie russe.

Elle a vendu pour plus de 2 milliards de dollars l'an dernier à ses clients les plus fidèles: l'Inde, le Venezuela, l'Algérie et la Malaisie, a indiqué la corporation d'État en charge de l'armement, Rossoboronexport. D'autres pays sont également intéressés, selon elle.