Traditionnel point faible de l'économie française, le commerce extérieur s'est mué en moteur de la croissance au deuxième trimestre, porté par des exportations tonitruantes dans l'automobile, mais ce nouveau rôle pourrait n'être qu'éphémère.

Selon l'Insee, le rebond du produit intérieur brut (PIB) annoncé jeudi «tient principalement» au redressement des exportations (+1,0 après -7,1% au premier trimestre).

Dans un contexte d'effondrement du commerce mondial, ce rebond «a de quoi surprendre», selon Marc Touati, économiste chez Global Equities, tandis que Alexander Law, du cabinet Xerfi, le juge «intriguant».

Le coup de fouet a été particulièrement sensible dans le secteur automobile qui a profité des retombées de la prime à la casse en Allemagne, premier client commercial de la France.

Selon les acteurs du secteur, cette mesure a ouvert un débouché pour les exportations automobiles françaises et soutenu leur spectaculaire hausse (+11,2% au deuxième trimestre après -18,4% au premier).

«Il y a eu un rebond du marché en Allemagne où les voitures et les produits d'équipementiers français se vendent très bien», assure François Roudier, porte-parole du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).

Chez PSA, on relève ainsi «une forte augmentation» des ventes vers l'Allemagne, avec une flambée de 36,8% au premier semestre. «Leur prime à la casse favorise les petits véhicules à faible émission de CO2 qui sont notre point fort», assure-t-on chez le constructeur, certains modèles voyant même leurs ventes bondir de 121% outre-Rhin.

Hors automobile, la contribution des exportations à la croissance aurait été «quasi nulle», rappelle Philippe Waechter, économiste chez Natixis.

L'embellie dans l'automobile pourrait toutefois être de courte durée. «La prime à la casse en Allemagne va sans doute s'arrêter d'un coup après les élections fédérales» fin septembre, s'inquiète-t-on chez PSA où on note «la difficulté» à sortir de ce genre de dispositif.

D'autres secteurs pourraient-ils prendre le relais? Alors que les économistes tablent toujours sur une reprise molle, certaines entreprises tournées vers l'export perçoivent de timides signes d'amélioration.

Chez Erca-Formseal, qui fabrique des machines d'emballage pour l'agro-alimentaire, «on assiste à une accélération de la demande de l'ordre de 7% sur les trois ou quatre derniers mois en provenance d'Asie, d'Europe et du Maghreb», assure sa directrice financière Laurence Marchetti.

Même son de cloche chez un important fournisseur de produits chimiques qui tient à garder l'anonymat et dont 80% de l'activité est réalisée à l'étranger.

«On a senti une grande différence en juillet par rapport aux six premiers mois de l'année», estime-t-on dans cette entreprise, où on juge toutefois qu'il est trop tôt pour reprendre l'investissement.

Dirigeant de la société Fountaine Pajot, qui exporte des catamarans de croisière, Jean-François Fountaine a vu les demandes de devis en provenance des États-Unis et de Thaïlande repartir après avoir parfois chuté de 70%. «On est un peu moins pessimistes», dit-il.

«Le pire semble derrière nous et il faudra à l'avenir se développer dans des marchés émergents», explique à l'AFP Anne-Marie Idrac, secrétaire d'État au Commerce extérieur.

Selon les experts, le rôle moteur du commerce extérieur sera en tout cas sans lendemain. «Aucun élément ne montre que la France, à l'instar de l'Allemagne, soit devenue une grande puissance exportatrice», tranche Eric Heyer, de l'Observatoire français des conjonctures économiques.