Michael Jackson, Grateful Dead et Frank Sinatra attirent de nouveaux fans parmi les responsables des régimes de retraite, des fonds d'investissements et des banques. Ces investisseurs sont convaincus que les vieux tubes sont de bons tuyaux puisque la technologie offre sans cesse de nouvelles façons d'écouter ou de faire de la musique.

Aussi s'arrache-t-on les catalogues d'édition de musique... et les revenus qu'ils génèrent grâce aux magasins, à la radio, au web, à la publicité et aux films. Le mois dernier, KKR&Co., la firme de placements dirigée par Henry Kravis et George Roberts, a acquis une participation majoritaire dans la division des droits de musique de Bertelsmann AG.

 

À la différence de la musique enregistrée, l'édition de contenu musical échappe à la baisse des ventes qui frappe le CD en raison de la diversité de ses sources de revenus. Les propriétaires peuvent obtenir un rendement oscillant entre 7% et 20% ou plus par année, selon les chansons en question et la manière dont elles sont mises en marché, indiquent des investisseurs.

La mort de Michael Jackson le 25 juin dernier a accru l'intérêt envers sa participation dans un catalogue qui comprend les chansons des Beatles.

«Les actifs d'édition musicale peuvent être l'équivalent d'investissements de choix dans l'immobilier», soutient John Frankenheimer, coprésident de Loeb&Loeb, un cabinet d'avocats de Los Angeles qui a participé à plusieurs ventes dans le domaine musical. «Mais il faut procéder à une analyse pour comprendre la différence entre une propriété de prestige sur la plage, un actif patiné mais qui présente un grand potentiel et une propriété qui se détériore», ajoute-t-il.

Les éditeurs possèdent des droits sur les paroles et les mélodies. Les propriétaires les plus importants continuent d'être les grandes compagnies de disques, tels Universal et EMI. En plus de KKR, les récents acheteurs ont été notamment les firmes de capital de placement Pegasus Capital Advisors et Spectrum Equity Investors, le régime de retraite néerlandais Pensioenfonds ABP et Credit Suisse Group.

«Je considère cela comme un investissement très prudent», affirme Rodney Cohen, associé codirecteur de Pegasus Capital, un fonds de 2 milliards US qui possède des bureaux à New York. «Ces placements ont toujours de la valeur et, si on achète correctement, ils offrent une formidable protection contre la baisse de valeur et un très fort potentiel d'appréciation», ajoute-t-il.

Pegasus a acquis Spirit Music Group en avril dernier, ce qui lui a permis de mettre la main sur des chansons de Grateful Dead, d'Elvis Presley, de Frank Sinatra et de Billie Holiday. Parmi les actifs de Spectrum Equity, on compte Bug Music, qui veille sur environ 250 000 droits d'auteur.

Toutefois, l'édition musicale n'est pas sans risque, avertit Donald Passman, avocat spécialisé dans le domaine du divertissement du cabinet Gang, Tyre, Ramer&Brown, à Beverly Hills, en Californie. La mauvaise santé de l'industrie musicale, la baisse des ventes au détail et des budgets de publicité ont contribué à la baisse de 40% à 50% de la valeur des éditeurs au cours des cinq dernières années, rappelle-t-il.

«Le domaine de la musique est capricieux, ajoute-t-il, et il se peut que les revenus baissent au cours des quelques années à venir avant que la situation se redresse.» M. Passman est l'auteur de All You Need to Know About the Music Business.