Le Fonds monétaire international a annoncé lundi que sa direction proposait la distribution de 250 milliards de dollars de Droits de tirage spéciaux (DTS), son unité de compte, à l'ensemble de ses États membres, qui pourront s'en servir comme réserves internationales.

Cette proposition doit être adoptée par le conseil d'administration de l'institution internationale, composée des représentants de 25 pays ou groupes de pays, avant que la distribution n'intervienne.

Un accord est très probable, la proposition ayant été discutée pendant plusieurs mois au sein du FMI. Un responsable du FMI a indiqué lors d'une conférence téléphonique que la direction espérait que ce vote ait lieu «début août» et la distribution «vers la fin du mois».

Le total des DTS détenus par les 186 États membres serait ainsi multiplié par plus de huit, passant d'environ 33 milliards de dollars à 283 milliards de dollars, a précisé le Fonds dans un communiqué.

Le principe de l'opération avait fait l'objet d'un accord entre les pays riches et émergents du G20 lors de leur sommet à Londres en avril. Elle consisterait dans les faits à créer de la monnaie, sans qu'il y ait redistribution physique d'argent d'un pays vers un autre.

Le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn s'est félicité de cet «exemple de premier ordre d'une réaction monétaire coopérative à la crise financière mondiale».

Les DTS obtenus «compteront comme actifs de réserve, agissant comme un coussin de liquidités à faible coût pour les pays à faibles revenus et des marchés émergents et réduisant le besoin d'une constitution de réserves excessive», a expliqué le FMI.

En effet, chaque État membre peut «choisir de vendre une partie ou la totalité de son allocation à d'autres États membres en échange de monnaie réelle, par exemple pour satisfaire ses besoins de balance des paiements», a ajouté l'institution.

Et à l'inverse, «d'autres membres peuvent choisir d'acheter plus de DTS comme moyen de réallouer leurs réserves», d'après le FMI.

Un État qui choisirait de vendre des DTS devrait payer un taux d'intérêt, étant en situation de dette avec le Fonds, et un État qui achèterait des DTS se verrait payer un taux d'intérêt, étant en excédent avec le Fonds.

La distribution ayant été effectuée en fonction de la quote-part de chaque État membre du FMI, qui dépend elle-même «globalement de leur taille relative dans l'économie mondiale», les pays riches seraient les premiers bénéficiaires de la mesure.

Le FMI a indiqué que «près de 100 milliards de dollars» devraient aller aux pays émergents et pauvres, dont 18 milliards aux seuls pays pauvres.

Mais à titre d'exemple, les trois premiers actionnaires du FMI en recevraient 73,3 milliards au total (dont 42,9 milliards pour les États-Unis, 15,4 milliards pour le Japon et 15,0 milliards pour l'Allemagne). La France en recevrait 12,4 milliards.

Les statuts du FMI prévoyaient en effet que toute allocation se fasse selon cette méthode, et toute autre allocation plus favorable aux pays pauvres ou émergents «aurait exigé une révision des statuts» très longue et difficile, a indiqué le responsable du Fonds.

La valeur des DTS est déterminée chaque jour par un panier composé des quatre grandes monnaies de réserve internationales (dollar, euro, yen, livre).