Arnold Schwarzenegger n'a jamais eu peur des défis. Pourtant, le gouverneur de la Californie se trouve aujourd'hui devant un obstacle en apparence infranchissable: un déficit colossal de 26,3 milliards de dollars, qui grimpe chaque jour de plusieurs dizaines de millions.

Depuis le 1er juillet, la Californie a commencé à envoyer des promesses de paiement, à plusieurs de ses fournisseurs. En clair, l'État ne peut plus payer ses factures. Les prochains à recevoir ces fameuses notes sont les électeurs qui attendent leur remboursement d'impôt. Une perspective qui enchante peu de citoyens de l'État plus populeux des États-Unis et huitième économie mondiale.

 

Hier après-midi, le contrôleur de la Californie, John Chiang, a envoyé 30 000 notes «IOU», pour une somme totalisant 53 millions.

La veille, le gouverneur a déclaré une «urgence fiscale» en Californie. «La décision est motivée par le risque, pour la Californie, de ne plus pouvoir financer certaines dépenses dès jeudi. Il manque à l'État 2,8 milliards de dollars pour pouvoir faire face à ses dépenses immédiates.»

Schwarzenegger a déclaré que ce trou budgétaire atteindrait 6,5 milliards en septembre, à moins de faire des coupes sombres dans l'éducation ou les programmes sociaux.

Si l'État se retrouvait en cessation de paiement, le gouverneur a averti que «les Californiens seront exposés à un sérieux risque car l'essentiel des programmes sociaux ne pourra plus être assuré».

Début juin, M. Schwarzenegger avait rappelé que les recettes de la Californie avaient chuté de «27% par rapport à l'année dernière» et affirmé que «le jour du Jugement dernier est arrivé».

Toute augmentation des taxes et des impôts en Californie doit être adoptée par les deux tiers de l'Assemblée et du Sénat de l'État, une tâche rendue impossible par le refus des élus républicains de permettre une telle hausse. Qui plus est, le Sénat est contrôlé par une majorité de démocrates, peu intéressés à sabrer des programmes sociaux et la paie des employés de l'État, comme le demande le gouverneur.

La queue des vaches

Anecdote représentative du climat surréel qui sévit a Sacramento, la capitale de l'État: le gouverneur Schwarzenegger a accusé hier les législateurs de perdre leur temps à discuter de la «queue des vaches» plutôt que de régler les finances de l'État. Le gouverneur faisait référence à un moment plutôt loufoque diffusé sur YouTube, dans lequel des officiels discutent en tout sérieux de la politique sur la longueur de la queue des bovidés de l'État.

Pour l'heure, toutefois, c'est l'étoile que Schwarzenegger qui continue de pâlir. Le gouverneur, qui entame les derniers 18 mois de son mandat, est aujourd'hui largement perçu comme ayant été incapable d'assainir les finances de l'État, et de dénouer les impasses partisanes qui paralysent Sacramento.

Schwarzenegger avait aussi promis d'orchestrer de grands changements en réécrivant la constitution de la Californie, en partie responsable de l'impasse actuelle. Une tâche épique, que le gouverneur n'a jamais entreprise durant ses six années passées au pouvoir.

La constitution de la Californie a été amendée 500 fois depuis 1849, et compte aujourd'hui 134 pages. La constitution américaine en compte 29.

avec AFP