La peine maximale prévue par la loi, trois ans de prison avec sursis, a été requise mercredi contre Serge Biechlin l'ex-directeur de l'usine AZF, après une explosion qui avait fait 31 morts en 2001 en France, mais rien contre la maison-mère Total.

Ont également été requises une amende de 225 000 euros (361 000 $ CAN) contre Grande Paroisse (filiale du groupe Total) et une autre de de 45 000 euros (72 000 $ CAN) contre M. Biechlin, poursuivis pour homicides, blessures et dégradations involontaires, pour l'une des pires catastrophes industrielles qu'ait connues la France.

Le tribunal ne se prononcera sur la responsabilité pénale de Total et de son ex-PDG Thierry Desmarest qu'en novembre, au moment où il rendra son jugement sur M. Biechlin et Grande Paroisse.

Par un arrangement juridique très rare, Total et M. Desmarest ont été entendus en tant qu'inculpés sur décision du tribunal, alors qu'ils ne devaient au départ pas comparaître. C'est pourquoi aucune réquisition n'a été prononcée contre eux.

«Nos réquisitions ne concernent que M. Biechlin et Grande Paroisse», a précisé le procureur Patrice Michel, au terme d'un réquisitoire fleuve de huit heures après quatre mois de procès. Il a rappelé que le ministère public avait estimé irrecevables les citations directes de Total et de son ancien patron demandées par certaines des 3000 parties civiles.

Ces dernières considérent Total et Thierry Desmarest comme les «donneurs d'ordre» chez AZF et avaient demandé mardi la condamnation de la SA Total, qui n'avait pas été inculpée au mompent de l'instruction, estimant que Grande Paroisse et Serge Biechlin n'avaient «aucune marge de manoeuvre».

M. Desmarest et Total, prévenu comme personne morale, ont eux argué que le fonctionnement d'une usine d'une filiale de Total, rachetée deux ans avant la catastrophe, ne remontait pas jusqu'à eux.

L'accusation a souligné «un dysfonctionnement grave dans la gestion des déchets et le recours à la sous-traitance», dans une usine pourtant classée dangereuse. Elle attribue la catastrophe au déversement accidentel sur un tas de nitrate d'ammonium d'un produit chloré (DCCNa) incompatible.

L'énorme déflagration qui s'était produite, le 21 septembre 2001 à Toulouse, avait creusé un cratère de 10 m de profondeur et 50 m de diamètre et soufflé ou endommagé près de 30 000 logements à des kilomètres à la ronde. Des milliers de personnes avaient été blessés jusqu'à 6 kilomètres de l'explosion.