La Russie et la Chine ont affiché mercredi leur volonté de faire front, face à la crise financière et économique mondiale, et de resserrer leurs liens, après des décennies de rivalités à l'époque de la Guerre froide.

«Nos pays comme les autres luttent contre la crise financière mondiale et beaucoup va dépendre de la façon dont notre partenariat se développe, notamment au sein du G20», a déclaré le président Dmitri Medvedev à l'issue d'un entretien avec son homologue Hu Jintao, au Kremlin.

Les deux dirigeants ont discuté à cette fin de «la coordination de leurs politiques étrangères» afin de donner une «nouvelle impulsion» aux relations bilatérales, a-t-il précisé.

Lors d'une rencontre un peu plus tôt avec le premier ministre Vladimir Poutine, M. Hu avait insisté sur le fait que la Russie était et resterait une «priorité» de la politique étrangère chinoise.

«Malgré la crise financière mondiale, les relations (entre Moscou et Pékin) sont immunisées contre les ruptures économique ou politique», s'est félicité pour sa part M. Poutine.

La Chine et la Russie ont normalisé leur relations après la chute de l'URSS, réglant notamment leurs différends frontaliers, et se sont beaucoup rapprochées à partir du milieu de la décennie 90 même si leurs relations ne sont pas exemptes de méfiance et d'arrières pensées.

Les deux pays affichent une solidarité croissante sur de nombreux dossiers multilatéraux: Proche-Orient, non-prolifération ou réforme de l'ONU et des institutions financières internationales.

La visite de M. Hu à Moscou intervient au lendemain des sommets du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) et de l'Organisation de coopération de Shanghai (Russie, Chine et quatre pays d'Asie centrale) à Ekaterinbourg (Oural), marqués par une volonté de parler d'une seule voix contre la domination américaine.

Les principales économies émergentes y ont appelé à une réforme du système financier international, afin de donner une plus grande place à ces pays dont l'importance économique et politique est croissante.

La Chine et la Russie aimeraient notamment que leurs monnaies respectives, le yuan et le rouble, jouent un plus grand rôle sur la scène mondiale, estimant que le dollar n'a pas joué son rôle de monnaie de réserve.

Dans l'immédiat, les deux pays étudient les moyens de libeller leurs échanges en roubles et en yuan, a indiqué M. Medvedev.

Une telle mesure pourrait s'appliquer notamment aux contrats de vente de pétrole russe à la Chine, a précisé le vice-premier ministre russe Igor Setchine à des journalistes.

Les échanges entre les deux pays ont décollé ces dernières années, sans toutefois atteindre un niveau correspondant au lien diplomatique, avec un total d'environ 50 milliards de dollars en 2008.

Ils ont même chuté de 42% à 7,3 milliards au premier trimestre 2009 sur un an, affectés notamment par la chute du cours des matières premières vendues à la Chine, qui reste grosse consommatrice d'énergie, et un recul des achats russes.

Les deux pays ont signé mercredi une «déclaration d'intention sur la coopération dans le domaine du gaz naturel» et se sont engagés à construire la deuxième tranche de la centrale nucléaire de Tianwan (est de la Chine) ainsi qu'un réacteur à neutrons rapides.

Jouant les trouble-fête, le géant russe Gazprom a en revanche annoncé que ses livraisons de gaz à la Chine, qui devaient débuter en 2011, allaient devoir être repoussées en raison de désaccords sur les prix.

La Banque du Développement de la Chine va par ailleurs accorder une ligne de crédit d'un milliard de dollars à la Vnechekonombank russe pour le financement d'investissements associant des entreprises chinoises en Russie.