«Mon mari me dit que croire ne fait pas de mal, mais moi je n'y crois plus. Nous avons perdu 10 000 euros», souligne Kristina Brunner, l'une des victimes françaises flouée par une société de placement allemande qui aurait escroqué 21 000 personnes en Europe.

Une information pour exercice illégal de la profession de banquier et intermédiaire en opérations de banque a été ouverte au parquet de Strasbourg, à la suite de cette vaste escroquerie qui a touché des centaines d'épargnants en France, a-t-on indiqué mercredi de source judiciaire. Damien Cocher, gérant d'Akzenta France à Haguenau (Bas-Rhin), filiale d'une société allemande qui promettait des rendements de 500%, a été mis en examen pour exercice illégal de la profession d'intermédiaire en opérations de banque, a-t-on précisé de même source.

«C'est un courtier en qui nous faisions entière confiance qui, en 2006, nous avait proposé ce placement qui devait rapporter gros. Trois ans plus tard, nous avons perdu notre mise initiale que nous ne reverrons plus», ajoute cette Alsacienne.

«Nous avions investi chacun 5 000 euros. Nous n'avons pas revu la couleur de notre argent. Une fois que nous avions commencé à douter, pour le calmer un peu, mon mari a touché au total deux versements de 16 euros chacun! C'est tout. Nous avons été bernés», ajoute-t-elle.

«Nous y avons cru pendant longtemps. Jusqu'à la fin 2007. À chaque fois que nous avions contacté notre courtier et le gérant d'Akzenta France, ils nous rassuraient en nous disant qu'il y avait des difficultés passagères en Allemagne mais que tout allait rentrer dans l'ordre», explique-t-elle.

La société Akzenta proposait à ses clients floués des contrats d'«intéressement au chiffre d'affaires» avec la promesse de rendements faramineux allant jusqu'à 105 000 euros sur 10 ans pour un montant investi de 10 000 euros, a expliqué Me Oliver Berg, avocat à Strasbourg représentant une cinquantaine de plaignants.

Dès 2004, l'autorité des marchés financiers (AMF) avait émis une mise en garde contre les publicités potentiellement trompeuses d'Akzenta France et un produit représentant un risque particulièrement élevé, a-t-il ajouté.

Akzenta France avait en 2005 été condamnée à une amende de 200 000 euros pour non respect des règles du droit des marchés financiers. Les quatre principaux dirigeants d'Akzenta Allemagne ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Munich en 2008 pour fraude en bande organisée à des peines de prison ferme de 5 à 6 ans. Un appel a été interjeté.

Akzenta a déposé son bilan le 15 avril. Le 16 avril, une procédure collective a été ouverte au tribunal de Rosenheim, près de Munich, en vue de la liquidation des actifs de la société.

La société fonctionnait de façon pyramidale. Les clients les plus anciens ne pouvaient espérer toucher des fonds que grâce à l'arrivée de nouveaux clients, tout le système s'effondrant lorsque la source de nouveaux clients s'est tarie.

21 000 personnes, en Allemagne, en Suisse, en Belgique, en Autriche et en France auraient été flouées, le dommage causé étant de l'ordre de 68 millions d'euros, selon Me Berg.