La baisse du marché immobilier au Royaume-Uni risque de faire en sorte que près d'un sixième des détenteurs d'hypothèques seront aux prises avec des prêts supérieurs à la valeur de leur maison, selon Sanford C. Bernstein&Co.

Un total de 1,8 million de ménages, soit 15% des détenteurs d'hypothèques, se retrouveront avec un patrimoine négatif d'ici la fin de 2010, précisaient hier des analystes de Sanford C. Bernstein&Co sous la direction de Bruno Paulson. Cela se compare aux 1,3 million de ménages au cours de la déprime du marché immobilier au Royaume-Uni qui a accompagné la dernière récession au début des années 90.

 

L'économie britannique connaîtra son plus important repli depuis la Deuxième Guerre mondiale cette année, estiment des économistes sondés par le Trésor britannique. Conséquence? Le chômage sera en hausse et les propriétaires auront plus de mal à régler leurs prêts après que les prix des maisons eurent triplé au cours de la décennie écoulée jusqu'en 1997. Dans la situation présente, la baisse des prix des maisons sera supérieure à celle des années 1990, mais les pertes sur prêts seront à un niveau semblable étant donné que les taux d'intérêt peu élevés à l'heure actuelle aident les propriétaires à conserver leur maison, indique le rapport de Sanford C. Bernstein&Co. «Étant donné la mauvaise nouvelle que les prix des maisons chuteront probablement de 40%, la situation n'est pas si mauvaise», a soutenu M. Paulson au cours d'une entrevue au téléphone. «Le gros de la baisse des prix des maisons aura eu lieu d'ici la fin de l'année. Les pertes des grandes banques viendront d'ailleurs.»

Le secteur immobilier est susceptible de former jusqu'à 17% des pertes prévues dans les banques britanniques au cours de la récession actuelle, avancent des analystes. À la fin de l'année dernière, Barclays Plc n'avait presque pas d'hypothèques présentant un patrimoine négatif alors que la proportion atteignait 15% chez Lloyds Banking Group et plus de 30% chez Northern Rock, une société gérée par le gouvernement.

Selon M. Paulson, Barclays pourrait voir 10% de ses hypothèques actuelles chuter en patrimoine négatif d'ici la fin de 2010, comparativement à 25% pour Royal Bank of Scotland Group et à plus de 30% pour Lloyds. Son analyse se fonde sur l'hypothèse que les prix des maisons dégringoleront de 40% (du jamais vu) par rapport au sommet atteint au cours de l'été 2007.

Mais les prix finiront par rebondir, soutenait jeudi Kate Barker, une décideuse de la Banque d'Angleterre, dans une entrevue accordée au magazine Spectator. «Je m'attends à ce que les prix des maisons remontent de nouveau», a-t-elle dit.