Les pays membres du G20 doivent faire plus pour venir en aide aux pays pauvres, préviennent les grandes organisations humanitaires de la planète, qui craignent de voir la crise pousser des dizaines de millions de personnes dans l'indigence.

La semaine dernière, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a invité dans une lettre ouverte les chefs d'État qui se réunissent à compter d'aujourd'hui à Londres à voir au-delà de leurs propres intérêts domestiques.

«Mon message sera qu'ils ne devraient jamais perdre de vue le fardeau et les défis des pays en développement, les pays les plus vulnérables», a déclaré M. Ban, qui réclame un plan de relance de 1000 milliards de dollars pour leur venir en aide.

Cette somme, a-t-il précisé, inclurait notamment une hausse marquée de l'aide au développement et un soutien économique direct articulé par le Fonds monétaire international.

Bien que la question d'une bonification des réserves du fonds soit envisagée par les acteurs du G20, le Japon et l'Union européenne ayant déjà promis 150 milliards de dollars de plus, la tendance en matière d'aide au développement est plutôt contraire, la crise incitant les États riches à sabrer dans ce poste budgétaire.

«Nous ne pouvons pas laisser les pays riches se servir de la crise pour tourner le dos aux pauvres de la planète», prévient le directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Koïchiro Matsuura.

Dans un rapport de suivi, les chercheurs de l'UNESCO relèvent, à titre indicatif, que l'Afrique subsaharienne entraînera des pertes de revenus de 18 milliards de dollars représentant 20% du revenu par habitant.

À plus large échelle, plus de 50 millions de personnes pourraient passer sous le seuil de pauvreté extrême de 1$ par jour. La plupart doivent survivre sans aucune aide extérieure, l'État n'ayant pas les ressources requises pour mettre en place un système social adéquat.

«On parle de personnes qui vont se trouver en dessous des seuils les plus inacceptables», prévient le président de Coordination Sud, Jean-Louis Viélajus.

La crise économique, dit-il, survient alors que plusieurs populations défavorisées ont pris de plein fouet la crise de la nourriture, qui avait vu les denrées de base flamber pendant plusieurs mois, entraînant des émeutes.

Leur fragile situation est exacerbée par l'effondrement de la demande internationale pour les matières premières, la baisse des investissements étrangers mais aussi aux transferts de fonds en provenance des immigrants installés dans les pays riches.

M. Viélajus craint, à l'instar de Ban Ki-moon, que les États membres du G20 négligent les pays pauvres et déplore qu'ils soient presque ou pas représentés lors de la rencontre. Il déplore également leur absence au sein des instances internationales comme le FMI.

Plusieurs pays émergents plaident pour une révision en profondeur du fonctionnement de l'organisation, qui demeure menottée par les pays anglo-saxons et européens. L'Inde demande par ailleurs que les conditions de prêts «rigides et intrusives» de l'organisation soient revues.