La Chine réprimande le monde avant la réunion des membres du Groupe des 20 jeudi prochain. Elle incite les plus grands pays à dépenser davantage en stimulants économiques et à mettre de l'ordre dans leur supervision financière.

Jeudi, Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la banque centrale de Chine, a vertement critiqué les gouvernements pour n'avoir pas suivi l'exemple «ferme» de la Chine dans ses initiatives pour stimuler la croissance économique. Plus tôt cette semaine, il a suggéré la création d'une nouvelle devise internationale de réserve pour concurrencer le dollar américain.

 

Des signes que le programme chinois de stimulants de 700 milliards de dollars canadiens donne des résultats enhardissent les leaders chinois à dicter leur vision d'un nouveau monde économique et d'un nouvel ordre financier. Ce mois-ci, le premier ministre Wen Jiabao s'est dit préoccupé par la valeur des 740 milliards US que la Chine possède en bons du Trésor américain et il a demandé une garantie les concernant.

«La Chine peut se lever et dire: Nos mesures de redressement ont fonctionné, nous avons été les premiers à stabiliser notre économie», indique Glenn Maguire, économiste en chef pour l'Asie-Pacifique de la Société générale, à Hong Kong. «La Chine se positionne pour jouer un rôle beaucoup plus significatif et pour exercer une bien plus grande influence à l'occasion de cette réunion du G20 que dans tout autre forum international dans le passé», ajoute-t-il.

Les chefs des 20 plus importantes nations industrialisées et en développement se réunissent à Londres le 2 avril afin de chercher des moyens pour adoucir la crise financière mondiale et pour renforcer les réglementations internationales. La Banque mondiale a indiqué ce mois-ci que l'économie mondiale subira probablement un repli pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Reprise

À la réunion de Londres, les leaders chinois, dont M. Zhou et le président Hu Jintao, seront en mesure de justifier leur politique en évoquant les signes de reprise de leur économie, qui, l'an dernier, a dépassé celle d'Allemagne pour devenir la troisième en importance dans le monde au chapitre de la production.

En Chine, les investissements dans les immobilisations urbaines ont bondi de 26,5% au cours des deux premiers mois de l'année comparativement à la période correspondante un an plus tôt, les nouveaux prêts par les banques ont quadruplé en février et les ventes de véhicules ont augmenté de 25% le mois dernier. Le gain de 30% obtenu par l'indice composite Shanghai cette année est le plus considérable parmi les 89 indices de référence suivis par Bloomberg dans le monde.

Le gouvernement «a adopté des mesures fermes, promptes et efficaces, ce qui démontre les avantages de son système supérieur lorsque vient le temps de prendre des décisions politiques vitales», écrivait jeudi M. Zhou dans un article publié sur le site web de la banque centrale de Chine.

«La Chine passe à l'offensive», a souligné Jun Ma, économiste en chef pour la Chine de Deutsche Bank, à Hong Kong. «La Chine doit jouer un rôle beaucoup plus important à l'aube de la réunion du G20 parce que c'est un moment critique pour participer à la nouvelle architecture du système financier mondial.»