À une semaine du G20, la Banque centrale de Chine a appelé à l'adoption d'une nouvelle monnaie de réserve internationale, pour remplacer le dollar.

Elle espère voir la naissance d'un système placé sous les auspices du Fonds monétaire international (FMI).Le but serait de créer un nouveau système économique mondial, qui ne soit pas facilement influencé par les politiques de certains pays, a expliqué le gouverneur de la Banque centrale, Zhou Xiaochuan, dans un texte publié sur le site Internet de l'institution.

«L'éclatement de la crise et son débordement dans le monde entier reflètent les vulnérabilités inhérentes et les risques systémiques dans le système monétaire international», a-t-il dit.

La Chine est dépendante du système actuel dominé par le dollar et suit de près l'impact des politiques de relance de l'économie américaine décidées par l'administration de Barack Obama, ainsi que ses conséquences éventuelles sur les réserves de change chinoises.

Une grande part de ces réserves de change chinoises -- de près de 2000 milliards -- sont aujourd'hui en dollars et la Chine s'est inquiétée à plusieurs reprises de l'avenir de ces avoirs.

L'établissement «d'une nouvelle monnaie de réserve largement acceptée (...) pourrait prendre du temps», a souligné Zhou Xiaochuan.

Mais «à court terme la communauté internationale et particulièrement le Fonds monétaire international (FMI) devraient au moins (...) faire face aux risques résultant du système actuel, conduire des contrôles réguliers et des évaluations», a ajouté le gouverneur de la Banque centrale de Chine.

La réforme de l'architecture financière devrait être au menu des discussions du G20 qui réunit les dirigeants des pays industrialisés et des économies émergentes, le 2 avril à Londres.

Européens et Américains semblent diverger sur les priorités, les seconds mettant l'accent sur la nécessité de plans de relance massifs, avant le grand chantier de réforme.

La Chine devrait avoir de son côté un sympathisant: la Russie, qui a déjà proposé que le sommet discute de la création d'une monnaie de réserve supra-souveraine.

Pour M. Zhou, celle-ci pourrait être les «Droits de tirage spéciaux»: «on devrait étudier tout particulièrement comment donner un rôle plus important aux DTS» qui ont «le potentiel» pour devenir «monnaie de réserve supra-nationale», écrit-il. Une idée déjà évoquée, notamment par le financier George Soros en 2002.

Ces DTS, dont la valeur est liée à un panier de monnaie, ont été créés en 1969 comme avoir de réserve mondial par le FMI, pour compléter les réserves de ses pays membres alors que l'offre d'or et de dollars ne suffisait plus.

Leur rôle a depuis été réduit et il servent surtout comme unité de compte au FMI et certains organismes internationaux, explique le FMI sur son site Internet.

Pour l'économiste chinois Andy Xie, la proposition chinoise devrait rester lettre morte justement parce que les DTS ne constituent pas un système monétaire soutenu par un gouvernement.

Mais cette proposition vise peut-être aussi à envoyer une mise en garde aux États-Unis, après que la Réserve fédérale américaine se fut lancée dans l'achat d'obligations du Trésor, faisant tourner la planche à billets pour faire baisser les taux -- et diluer ainsi la valeur des avoirs chinois en dollars, souligne Andy Xie.

«La situation est triste: la Chine est le banquier des États-Unis. Ceux-ci doivent énormément à la Chine, mais n'en ont pas peur. La Chine est l'otage des États-Unis et pas l'inverse», estime l'économiste.