A sept mois et demi des législatives, le ministre allemand de l'Economie Michael Glos a offert sa démission dans une lettre à son parti CSU, partenaire du gouvernement Merkel et responsable de ce portefeuille ministériel, mais la CSU l'a refusée.

L'homme fort des chrétiens-sociaux bavarois dans l'équipe de la chancelière Angela Merkel a écrit vendredi au chef de son parti, Horst Seehofer, pour le prier de le relever de ses fonctions, en invoquant son âge et un besoin de «renouvellement» au sein de la CSU avant les législatives de septembre, a indiqué son porte-parole au ministère.Selon le journal dominical Bild am Sonntag, M. Glos en a aussi informé par téléphone la chancelière Merkel.

Mais quelques heures après cette annonce, la réponse est tombée: «nein». Le chef de la CSU, Horst Seehofer, lui a demandé de rester au gouvernement, en l'assurant de sa «confiance» lors d'un entretien téléphonique, a indiqué samedi soir un porte-parole du parti bavarois.

Les velléités de démission du ministre de l'Economie interviennent moins de huit mois avant les législatives du 27 septembre, pour lesquelles Mme Merkel, candidate à un second mandat, aura besoin de l'appui de l'électorat du CSU.

Sur fond de crise économique, les relations entre M. Glos et Mme Merkel se sont nettement dégradées ces derniers mois, le ministre de l'Economie attaquant régulièrement dans la presse les positions de la CDU et notamment la ligne de la chancelière et de son parti sur les questions fiscales. Les relations sont aussi tendues avec les sociaux-démocrates du SPD, auxquels appartient le ministre des Finances Peer Steinbrück.

Quand la crise financière a éclaté, Michael Glos n'a pas pu occuper le devant de la scène, systématiquement éclipsé par le tandem Merkel-Steinbrück.

Pour affirmer ses vues, en décalage avec la ligne officielle, le ministre de l'Economie n'en a pas moins multiplié les déclarations par voie de presse.

Pour autant, M. Glos n'a invoqué, pour expliquer ses intentions de départ, que des raisons personnelles comme son âge et l'intérêt de son parti.

«Comme j'aurai 65 ans révolus cette année, cela correspond à mon projet de vie de ne plus appartenir à un conseil des ministres après le 28 septembre», c'est-à-dire au lendemain des législatives allemandes, a-t-il écrit au chef de la CSU, Horst Seehofer.

«Cela fait aussi partie de la crédibilité de savoir précisément avant une élection quelles personnes sont disposées à endosser de hautes responsabilités» après le scrutin, a ajouté M. Glos.

Par ailleurs, les élections régionales de fin septembre 2008 en Bavière, qui ont vu la CSU perdre la majorité absolue qu'elle détenait depuis 1962, montrent que «le renouvellement, la créativité et la crédibilité sont plus demandées qu'avant» par les électeurs, a argué le ministre.

Dans la foulée de ce scrutin régional, plusieurs personnalités de la CSU, dont son président et le chef du gouvernement bavarois sortant, avaient démissionné de leurs fonctions.

Le chef de la CSU entend «discuter de ses motivations» avec M. Glos lors d'un entretien prochain, a indiqué le porte-parole de la CSU.

Ministre de l'Economie depuis 2005, Michael Glos, un homme volontiers grossier et provocateur au Parlement et en public, est le premier membre de la CSU à avoir accédé au portefeuille fédéral de l'Economie.