Montée galopante du chômage des ouvriers chinois, marché automobile sinistré au Japon et en Espagne, chute des exportations coréennes et production industrielle en berne en Europe: ces mauvaises nouvelles illustraient à nouveau la paralysie de l'économie mondiale et faisaient rechuter les Bourses lundi.

Selon un rapport de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), la crise financière a provoqué un ralentissement de la croissance mondiale à 4,0% en 2008, après +5,5% en 2007 et +8,5% en 2006.

Plusieurs chiffres publiés lundi ont confirmé la persistance de la crise du secteur automobile. Au Japon, les ventes de véhicules neufs, hors mini-voitures, ont chuté de 27,9% en janvier sur un an, tombant à leur plus bas niveau depuis 41 ans. Ce recul, le sixième d'affilée, est le plus brutal depuis mai 1974 et les ventes n'ont jamais été aussi faibles depuis février 1968.

En Espagne, les immatriculations de voitures neuves ont reculé de 41,6% en janvier sur un an. Moins durement touchée, la France a toutefois vu les acquisitions de voitures particulières neuves baisser de 7,9% en janvier sur un an.

En Corée du Sud, les exportations se sont effondrées en janvier sur un an (-32,8%) déprimées par une chute de la demande, notamment de la Chine.

En Chine justement, les indicateurs sont également inquiétants: la production manufacturière a continué à décliner «rapidement» en janvier, selon l'indice des directeurs d'achats (PMI) établi par la société Markit.

D'où une montée du chômage: environ 20 millions d'ouvriers migrants se trouvent sans emploi en Chine en raison de la crise, ont annoncé lundi les autorités qui s'inquiètent d'une recrudescence des tensions sociales.

«Selon nos calculs, 15,3% des 130 millions de ruraux qui migrent pour travailler, ont perdu leur emploi ou n'en ont pas trouvé», a affirmé Chen Xiwen, un responsable gouvernemental. Le Premier ministre chinois Wen Jiabao envisage maintenant de nouvelles mesures de relance.

La Russie aussi, victime d'une dégringolade du rouble et d'une montée du chômage, craint des mouvements sociaux.

En Europe, l'indice des directeurs d'achats (PMI) du secteur manufacturier de la zone euro affichait en janvier 34,4 points, contre 33,9 points en décembre, toujours largement sous la barre des 50, ce qui signifie que la production constinue à décliner.

En France, où une grande journée de grève et manifestations a rassemblé des centaines de milliers de personnes jeudi, la ministre de l'Economie Christine Lagarde a déclaré lundi qu'elle serait «très étonnée (que la France) ait une croissance positive en 2009».

Après deux ans d'amélioration, le marché du travail français s'est fortement retourné en 2008. Le chiffre exact du chômage sera annoncé en fin de journée, mais la hausse du nombre d'inscrits à l'ANPE atteindrait plus de 200 000 sur l'ensemble de 2008, dont +163 500 sur les cinq derniers mois de l'année.

En lançant lundi à Lyon «la phase concrète» du plan de relance avec notamment 1.000 chantiers retenus «pour dynamiser» l'économie, le Premier ministre François Fillon a appelé les Français «à se serrer les coudes», excluant à nouveau toute relance par la consommation.

De son côté, le gouvernement allemand a admis que des nationalisations ainsi que des expropriations étaient des options possibles pour le sauvetage de certaines banques.

Selon une étude de l'institut GfK, les répercussions de la crise économique en Allemagne sur le marché du travail et par conséquent sur la consommation, se manifesteront pleinement en 2010.

En prévision d'un fort affaiblissement de la demande en 2009, le groupe suédois d'outillage industriel Atlas Copco, a annoncé de son côté la suppression de 3.000 emplois supplémentaires dans le monde, malgré un bénéfice net plus que doublé au quatrième trimestre.

Après la baisse de Wall Street vendredi (-1,81%), quasiment toutes les Bourses mondiales rechutaient lundi.

En Asie, Tokyo a perdu 1,50%, sur un marché hanté par la perspective d'une aggravation de la récession au Japon et aux États-Unis, et par les résultats désastreux publiés ces derniers jours par les principales entreprises nippones.

La Bourse de Hong Kong a chuté de 3,14%, déçue par le faible rebond (+1%) de la Bourse de Shanghai après une semaine fériée pour le Nouvel An.

Les Bourses européennes évoluaient dans le rouge en milieu d'après-midi, Paris cédant 2,58% , Londres 2,01% et Francfort 1,89% à 9h51.

La Bourse de New York a également ouvert en baisse lundi, le Dow Jones perdant 1,18% et le Nasdaq 0,39%.

Les marchés craignent maintenant que les chiffres mensuels de l'emploi aux États-Unis pour janvier, attendus vendredi, ne montrent que l'économie américaine a encore perdu un demi-million d'emplois.

En baisse pour le sixième mois consécutif, les dépenses de consommation des ménages américains ont accentué leur repli en décembre en reculant de 1,0% par rapport à novembre.

Dans le même temps, les dépenses de construction ont reculé de 1,4% en rythme annuel par rapport au mois précédent.

Autre indicateur américain, l'activité industrielle a continué de se contracter en janvier, selon l'indice des directeurs d'achats du secteur publié lundi par l'association professionnelle ISM.

Aux États-Unis, les marchés espèrent maintenant de nouvelles mesures du gouvernement pour aider les banques, toujours en situation précaire, notamment la possible constitution de structures de défaisance où seraient concentrés les actifs bancaires pourris, une solution également à l'étude en Europe.

Selon le Wall Street Journal, la Banque centrale européenne planche sur un mode d'emploi pour créer de telles «bad banks».