Le prix moyen des maisons vendues le mois dernier a baissé de 5,2 % par rapport à l'année dernière, le nombre de ventes ayant reculé à son plus bas niveau en 10 ans pour un mois de février, a indiqué vendredi l'Association canadienne de l'immeuble (ACI).

L'association nationale a souligné l'incidence de la simulation de crise sur les activités hypothécaires des prêteurs régis par le gouvernement fédéral, incluant les grandes banques. Certains analystes ont cependant estimé que la baisse enregistrée en février pourrait être attribuable en partie aux plus difficiles conditions hivernales.

« En février, les ventes résidentielles ont baissé dans plusieurs régions canadiennes constituées autant de grandes que de petites villes », a affirmé dans un communiqué l'économiste en chef de l'ACI, Gregory Klump.

L'ACI a indiqué que les ventes avaient baissé de 4,4 % en février par rapport au même mois l'année dernière. C'est le niveau le plus bas enregistré pour un mois de février depuis 2009 et c'est inférieur de près de 12 % à la moyenne de dix ans pour ce mois.

Sur une base mensuelle, les ventes nationales de maisons ont diminué de 9,1 % de janvier à février, atteignant leur niveau le plus faible depuis novembre 2012. Il s'agit de la plus forte baisse d'un mois à l'autre depuis l'entrée en vigueur, en janvier 2018, de la simulation de crise imposée aux prêts hypothécaires.

La nouvelle simulation de crise demande aux emprunteurs de prouver qu'ils peuvent rembourser leur prêt hypothécaire non assuré si les taux d'intérêt dépassent un certain seuil.

Le prix moyen national des maisons vendues en février était de 468 350 $, en baisse de 5,2 % par rapport au même mois en 2018. En excluant le Grand Vancouver et le Grand Toronto, deux des marchés les plus actifs et les plus dispendieux du pays, le prix moyen national était légèrement inférieur à 371 000 $.

« Seul le temps nous dira si les changements successifs apportés aux règles hypothécaires ont été trop sévères, puisque les répercussions de décisions politiques ne se font sentir que bien après le fait », a souligné M. Klump.

« Il reste à espérer que les responsables des politiques trouvent une façon d'affiner les règlements afin de réussir à la fois à assurer l'abordabilité du logement et à maîtriser les risques liés aux prêts. »

« Un bulletin météorologique »

Certains analystes se sont toutefois davantage intéressés aux conditions météorologiques en tant que facteur clé.

Doug Porter, économiste en chef à la Banque de Montréal, a écrit dans une note publiée vendredi que le mois de février était habituellement un mois plus faible, même pendant les hivers les plus doux.

« Ce n'était manifestement pas un mois d'hiver doux, ce qui a accentué le caractère atone du marché », a estimé M. Porter.

Il a ajouté que la baisse des ventes d'une année à l'autre était fortement concentrée en Colombie-Britannique et en Alberta, tandis que les huit autres provinces ont enregistré une hausse de 2,8 % d'une année à l'autre.

M. Porter a ajouté qu'il ne s'attarderait pas trop aux détails des données, puisqu'elles ressemblaient davantage à un bulletin météorologique qu'à un rapport économique à cette période de l'année.

Brian DePratto, économiste principal au service d'études économiques de la Banque TD, a convenu que les conditions hivernales rigoureuses à Toronto et à Vancouver pouvaient avoir refroidi les acheteurs et les vendeurs potentiels.

« Le vrai test sur la santé du marché viendra avec le printemps plus chaud », a écrit M. DePratto dans une note.

Dans ses perspectives actualisées pour l'année, l'ACI dit s'attendre à ce que les ventes de maisons au Canada diminuent de 1,6 % pour se chiffrer à 450 400 en 2019. De tels chiffres représenteraient les ventes annuelles les plus faibles depuis 2010. L'association prévoit que la Colombie-Britannique sera responsable d'une grande part de cette baisse projetée, ainsi que du déclin soutenu en Alberta.

Les prévisions de l'ACI visent un total de 459 400 ventes en 2020, en hausse de 2 % par rapport aux prévisions de 2019.

Le prix moyen national devrait se stabiliser en 2019 aux alentours de 487 000 $. L'ACI prévoit que le prix moyen des logements va reculer en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan et à Terre-Neuve-et-Labrador, alors qu'il va continuer à augmenter dans l'est de l'Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard.

L'association s'attend à ce que le prix moyen national augmente de 0,8 % pour atteindre 490 800 $ en 2020.