La filiale de la Caisse de dépôt Ivanhoé Cambridge entend rester un acteur majeur des centres commerciaux au Canada, malgré le défi que pose aux exploitants de galeries marchandes la popularité grandissante du commerce en ligne. Elle a d'ailleurs investi 3 milliards de dollars dans ses propriétés au cours des cinq dernières années pour les rendre plus attractives auprès des milléniaux.

Cette mise au point survient au moment où Ivanhoé Cambridge a mis en place un processus de disposition de participations minoritaires dans une dizaine de centres au pays. De ce nombre, deux sont au Québec : Place Montréal Trust et Place Ste-Foy. Ce geste a soulevé des questions sur son engagement à long terme dans le secteur des centres commerciaux.

« Ivanhoé Cambridge fait une gestion prudente et attendue dans le cadre d'un programme discipliné de gestion d'actif. On a repositionné nos propriétés comme Place Ste-Foy, et c'est le temps, peut-être, de cristalliser un peu de valeur et de redéployer le capital dans d'autres éléments d'actif », explique Claude Sirois, président, Centres commerciaux.

Il a rencontré La Presse lundi dernier pour faire le point sur la stratégie de l'investisseur institutionnel à l'égard de cette catégorie d'actif.

Il n'est pas question, toutefois, fait valoir M. Sirois, de construire un nouveau centre au Québec dans un avenir prévisible. Il faut dire que le projet Royalmount viendra ajouter des centaines de milliers de pieds carrés d'offre commerciale dans le paysage. « Honnêtement, je ne sens pas que le marché québécois est prêt à accueillir un nouveau centre commercial d'envergure comme un de nos Mills ou un de nos Outlets », confie-t-il.

Dans les dernières années, Ivanhoé a vendu la quasi-totalité de ses centres en Europe et aux États-Unis. Au Canada, le portefeuille a été recentré sur les centres axés sur la mode et sur des concepts axés sur les magasins-entrepôts (Outlets), et le divertissement Mills.

Plaire aux milléniaux

La filiale de la Caisse de dépôt continuera d'accroître la superficie à l'intérieur de ses centres commerciaux consacrée à la restauration dans le cadre d'une stratégie visant à rendre ses propriétés plus attrayantes aux yeux des milléniaux.

Les centres commerciaux du Canada consacrent en moyenne 12 % de la superficie à la restauration. Ce pourcentage s'élève à 20-25 % en Chine, où l'industrie des centres commerciaux est plus jeune qu'au Canada et en plein essor.

Ainsi, le Centre Eaton, au terme des travaux de 200 millions qui ont pour but de regrouper l'ancien Centre Eaton et le Complexe Les Ailes en une seule entité, réservera de 18 % à 20 % de ses pieds carrés à la catégorie alimentation.

Ivanhoé Cambridge y a déjà annoncé l'arrivée de Time Out Market, une première canadienne. Dans 36 000 pieds carrés, le locataire proposera à compter de l'automne prochain 16 espaces de restauration exploités par 16 chefs locaux.

Le nouveau Centre Eaton aura une superficie de 472 000 pi2. Un dernier locataire majeur est sur le point de confirmer son arrivée. Il reste 10 000 pi2 à louer.

Par ailleurs, Ivanhoé Cambridge n'est pas le seul gestionnaire à miser sur une offre alimentaire bonifiée. Oxford a ouvert un Market & Co à l'Upper Canada Mall et importera le concept Food District aux Galeries de la Capitale à l'automne, selon le magazine internet Retail Insider du 22 janvier.

Chez les milléniaux, fait valoir M. Sirois, 68 % commencent leur journée en regardant leur téléphone. « Et ils vont le faire 250 fois dans la journée. » Pour retenir l'attention des consommateurs accros à leur cellulaire, la bonne bouffe ne suffit toutefois pas.

« Il faut continuer d'être audacieux et innovateur, dit Claude Sirois, président, Centres commerciaux, chez Ivanhoé. On a lancé toutes sortes d'initiatives en 2018 comme celle des centres de divertissement familial Creactive avec le Cirque du Soleil. » La première implantation de 25 000 pi2 verra le jour en 2019 au centre Vaughan Mills, dans la région de Toronto.

« L'esprit est d'adapter nos environnements commerciaux pour s'assurer d'attirer cette clientèle qui est différente des générations précédentes », ajoute M. Sirois