Le propriétaire des Galeries d'Anjou cherche à combler le vaste espace laissé vacant par Sears de façon plutôt originale : en le convertissant en espaces de bureaux.

La brochure et le site web du courtier immobilier Colliers International, mandaté par Cadillac Fairview pour trouver des locataires, parlent d'un « emplacement idéal », adjacent au « plus grand centre commercial » de l'est de l'île de Montréal et à proximité de deux autoroutes.

« Ces nouveaux espaces de bureaux vous promettent un équilibre travail-vie », ajoute Colliers, tout en vantant les 4973 places de stationnement gratuit et les puits de lumière du 7999, boulevard des Galeries-d'Anjou.

Les travaux de réaménagement ne commenceront toutefois pas demain matin.

Cadillac Fairview souhaite d'abord déterminer le « meilleur mix possible » de locataires pour l'espace de 127 230 pieds carrés sur deux étages.

« On est en approche avec des locataires de différents styles, des bureaux et des commerces de détail », affirme Danielle Lavoie, vice-présidente principale et directrice du portefeuille de l'est du Canada chez Cadillac Fairview.

D'ailleurs, en regardant bien les rendus d'architectes sur le site de Colliers International, on distingue l'enseigne du détaillant français d'articles de sport Décathlon. « Il n'y a rien de conclu, mais Décathlon a le désir de s'installer dans le secteur, dit Brian Salpeter, vice-président principal au développement chez Cadillac Fairview. Je pense que ce serait un ajout intéressant pour le centre. »

Des restaurants pourraient aussi compléter l'ensemble.

Diversification et densification

Selon Mme Lavoie, la volonté de Cadillac Fairview de créer des espaces de bureaux dans le centre commercial reconnu pour son offre dans le secteur de la mode n'est pas un aveu d'échec à trouver de nouveaux détaillants.

« Pour nous, ce n'est pas une solution de repli, c'est une question de stratégie pour diversifier notre risque et pour densifier [l'endroit] », soutient Mme Lavoie, tout en précisant que les ventes au pied carré de la propriété augmentent dans les deux chiffres depuis plusieurs mois.

Les villes sont d'ailleurs « très intéressées » par des projets qui combinent la vente au détail, le résidentiel, le divertissement et les espaces de bureaux, fait-elle valoir. « Les îlots de chaleur et les vastes stationnements de surface, les villes ne sont pas très entichées de ça. »

La dirigeante reconnaît que le marché a déjà été plus facile. « On est dans une ère où tout le monde envisage la diversification [du type de locataires] pour maintenir la valeur de l'actif dans une période où le commerce de détail est attaqué de toutes parts. »

Moins de risque, plus de monde

Les espaces de bureaux s'avèrent par ailleurs « moins risqués » d'un point de vue financier puisque « les baux sont à beaucoup plus long terme et les garanties sont meilleures » que dans la vente au détail, note Mme Lavoie. On parle de 10 à 15 ans, comparativement à 5 à 10 ans.

De plus, les loyers dans la vente au détail sont « basés sur les projections de vente » et celles-ci sont souvent cycliques. « Dans le bureau, le prix est basé sur l'offre et la demande. »

C'est sans compter que l'ajout de plusieurs centaines de travailleurs contribue aux ventes du centre commercial, tant dans ses restaurants que dans ses boutiques. « Ça devient une clientèle captive qui amène de l'eau au moulin », lance Mme Lavoie.

Hormis l'ancien Sears, Cadillac Fairview cherche aussi à louer deux autres locaux de plus petite taille dans les Galeries d'Anjou. L'un, de 20 000 pieds carrés, que le propriétaire immobilier utilisait lui-même avant de déménager au centre-ville de Montréal. L'autre, de 30 000 pieds carrés, se trouve au-dessus de l'ancien Target.

Ce serait vraisemblablement la première fois qu'un centre commercial de Cadillac Fairview au Québec accueillerait des bureaux. Au Nouveau-Brunswick, l'important propriétaire immobilier (19 centres commerciaux) a loué un ancien Sears à la Banque TD qui y amènera 1000 employés.