Labid Aljundi, citoyen canadien d'origine syrienne, n'a pas choisi la voie facile pour son premier projet en territoire montréalais. Un changement de zonage, une consultation devant l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM), des groupes communautaires déçus, des politiciens qui le dénoncent... Loin de se décourager, il ambitionne de bâtir jusqu'à 1000 logements à Montréal dans les prochaines années.

M. Aljundi, par l'entremise de son entreprise Investissements MSC Canada, a acquis l'immeuble du Bourbon, au 1550, rue Sainte-Catherine Est, au prix de 3 millions en 2014. De style Nouvelle-Orléans, le complexe festif est emblématique du Village des années 90 et 2000.

La Presse a rencontré l'homme d'affaires de 46 ans au bureau des ventes du Bourbon mardi.

Laissée à l'abandon, la propriété a été démolie au début de l'année pour faire place prochainement à une construction de neuf étages, au coût de 45 millions. Le promoteur a en effet obtenu la permission de construire jusqu'à 35 mètres de hauteur au lieu de 16 mètres.

Le rez-de-chaussée abritera des commerces. Le premier étage sera loué au secteur communautaire sous forme de locaux partagés. Les sept autres étages proposeront une centaine de copropriétés résidentielles. À l'origine, le nouveau Bourbon promettait des logements locatifs.

En cours de processus, le promoteur a décidé de construire des condos à la place. M. Aljundi explique que les conditions exigées par la Ville pour le changement de zonage, comme le fait de consacrer un étage aux groupes communautaires et l'utilisation de matériaux nobles pour l'enveloppe extérieure du bâtiment, ont rendu la vocation locative impossible à réaliser pour cause de non-rentabilité.

L'équipe de la mairesse Valérie Plante a d'abord critiqué l'administration précédente qui avait omis d'exiger des engagements par écrit de la part du promoteur à l'égard du secteur communautaire. Depuis, les parties se sont parlé.

« Il est important pour nous que l'engagement du promoteur à l'égard du secteur communautaire soit respecté, dit Robert Beaudry, conseiller de district Saint-Jacques et membre du comité exécutif, dans un entretien. Le promoteur travaille en ce sens. » En ce qui concerne le changement de vocation des logements, d'appartements locatifs à condos, M. Beaudry reconnaît que la Ville n'a rien à redire puisque sa compétence ne porte que sur les usages permis.

Propriétaire du Fides

Investissements MSC Canada appartient à M. Aljundi et à son frère. Labid Aljundi a immigré au Canada en 2003 avec un diplôme d'ingénieur en poche. Il a suivi un MBA à HEC Montréal. Quand la crise a frappé en 2008, il est parti travailler au Qatar. Il y a fait fortune en devenant actionnaire, puis en revendant ses participations dans l'entreprise Multi Services Company Qatar.

L'entrepreneur est revenu pour de bon à Montréal avec sa femme et ses deux enfants l'an dernier, soutient-il.

M. Aljundi détient également l'Édifice Fides, au 235, boulevard René-Lévesque Est, près du Centre hospitalier de l'Université de Montréal, ainsi que deux lots adjacents. « Je regarde toutes les options », dit-il. Il est aussi partenaire financier du projet locatif Loggia, à Saint-Lambert.