Le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, fait confiance à la Commission scolaire de Montréal (CSDM) dans le dossier du déménagement de son centre administratif, lequel fait couler de l'encre depuis novembre dernier.

« C'est une décision de la CSDM de travailler à l'intérieur des paramètres qu'ils ont fixés », a indiqué le ministre, qui a participé vendredi matin à l'annonce autorisant la construction de deux nouvelles écoles au centre-ville de Montréal.

La Presse a révélé jeudi que la CSDM a choisi de signer une lettre d'intention devant mener à un contrat de location de 20 ans avec Cominar au 5100, rue Sherbrooke Est, sans se servir d'une grille d'analyse pour évaluer les propositions des propriétaires ayant répondu à l'avis d'intérêt. Deux élus et un expert immobilier se sont étonnés de cette lacune.

« En ce qui a trait à la grille d'analyse proprement dite, a poursuivi le ministre, les gens de la CSDM ont leurs propres paramètres. Et ils sont accompagnés par la Société québécoise des infrastructures au besoin. Ils ne sont pas seuls. Je suis convaincu qu'ils ont des outils pour prendre des bonnes décisions. »

Le ministre a précisé que ce qui lui importe, c'est de s'« assurer que les processus soient suivis, que ce soit la bonne décision qui soit prise et que ça soit fait dans le respect des règles ».

« POSEZ-LEUR LA QUESTION »

Le dossier du déménagement du centre administratif est traité avec la plus grande confidentialité, au point où trois commissaires se sont plaints de ne pas pouvoir justifier publiquement leur opposition. Ils ont demandé l'intervention de la vérificatrice générale. La Presse a demandé au ministre si cette façon de travailler était appropriée.

« C'est de leur responsabilité [aux gens de la CSDM] de s'assurer que les gens autour soient dans un niveau d'appréciation et de confort adéquat. Les gens posent des questions, c'est à la Commission scolaire d'y répondre. Posez-leur la question sur le pourquoi et le comment et je suis convaincu que vous aurez des réponses supplémentaires. »

UN PROCESSUS CONFIDENTIEL, PLAIDE LA PRÉSIDENTE

La Presse a pris le ministre au mot et est allée poser des questions sur le pourquoi et le comment à la présidente de la CSDM, Catherine Harel-Bourdon, présente à l'événement.

Au sujet du centre administratif, que pouvez-vous nous dire pour rassurer les contribuables qu'ils vont en avoir pour leur argent ?

Je ne vais pas commenter, parce qu'on a fait une lettre d'intention et en ce moment, on est en négociation. On a fait deux avis d'appel d'intérêt. Notre volonté, c'est qu'on gère des fonds publics, c'est d'avoir le meilleur rapport qualité-prix, c'est de suivre tout le processus réglementaire.

Ne croyez-vous pas que toute la confidentialité entourant ce dossier est nuisible ? Des commissaires se sont plaints qu'ils ne pouvaient jouer leur rôle d'élu parce qu'ils sont incapables d'expliquer pourquoi ils s'opposent.

Il y a un amalgame qui se fait entre l'avenir du terrain et du bâtiment [le centre administratif actuel vétuste] et la délocalisation des employés, qui est nécessaire quel que soit l'avenir du terrain et du bâtiment. Cette décision [sur l'avenir du bâtiment actuel] n'est pas prise et il va y avoir des consultations citoyennes. Sur la location, on est en négociation, on est en lettre d'intention. Ça doit être validé par la suite par l'Éducation et les Finances. C'est un processus qui se fait confidentiellement parce qu'il y a des sous en jeu.

Pouvez-vous expliquer en quoi le fait de dévoiler, par exemple, le nombre de soumissionnaires à votre avis d'intérêt compromet les négociations avec le locateur qui reste ?

On a donné un certain nombre d'informations sur les soumissionnaires. On ne donne pas tous les détails.

Quelles informations ?

Écoutez, je vais cesser de répondre à vos questions.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Catherine Harel Bourdon, présidente de la CSDM