Le projet de déménagement du centre administratif de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) a rebondi à l'Assemblée nationale hier.

« De faire un appel d'offres pour deux ans et, après, prendre les soumissionnaires et signer pour 20 ans, ça s'appelle de la mauvaise gouvernance », a dit le député de la Coalition avenir Québec (CAQ) Jean-François Roberge, dans un entretien avec La Presse.

Plus tôt dans la journée, le député, qui est critique en matière d'éducation pour la deuxième opposition, avait posé une question au ministre de l'Éducation Sébastien Proulx sur le dossier du déménagement du siège administratif de la CSDM.

La Presse indiquait hier que la CSDM était en négociation exclusive avec un propriétaire pour un bail de 20 ans, alors que le propriétaire en question, le fonds Cominar, avait été l'un des deux soumissionnaires à avoir répondu à l'appel d'offres pour un bail de deux à six ans, au début de 2017.

Le siège administratif actuel, au 3737, rue Sherbrooke Est, est en piteux état. Les quelque 750 employés doivent quitter les lieux à plus ou moins brève échéance pour leur santé et leur sécurité.

« On peut bien dire ce qu'on veut, mais si on a l'intention de signer pour 20 ans, il faut faire un appel d'offres pour 20 ans et on aurait probablement bien davantage de soumissionnaires. », a ajouté Jean-François Roberge.

Lever le huis clos

Le terme est une caractéristique fondamentale d'un appel d'offres. Plus un bail est long, plus le contrat devient intéressant pour un propriétaire d'immeubles.

La CAQ demande aussi à la CSDM de lever le huis clos et de faire preuve de plus de transparence.

De son côté, la Commission scolaire justifie le grand secret entourant ce contrat par la nécessité de ne pas nuire aux négociations.

L'élu caquiste rejette l'argument. « La meilleure stratégie pour obtenir le meilleur prix, la meilleure négociation, c'est de faire un vrai appel d'offres. En tant qu'institution publique, la CSDM doit rendre des comptes et doit être transparente. »

Dans sa réponse à la question du député Jean-François Roberge, le ministre Proulx a indiqué qu'il est de sa responsabilité d'autoriser lui-même le contrat une fois la lettre d'intention signée entre la CSDM et le propriétaire. Il a aussi dit qu'il avait posé des questions sur le projet.

Pour M. Roberge, c'est au gouvernement du Québec, en situation de surplus budgétaire, de payer pour rénover les infrastructures scolaires de la province.

« Pour moi, le siège social de la CSDM fait partie des infrastructures scolaires montréalaises qui ont été laissées pour compte par le gouvernement libéral. »

La CSDM précise sa démarche

En fin de journée, hier, la CSDM a publié une précision sur l'avis d'intérêt de la délocalisation, qui reprend le contenu de la réponse écrite qu'elle avait envoyée à La Presse mardi soir. Notre article d'hier matin en avait résumé l'essentiel.

La Commission confirme avoir lancé un appel d'offres pour un bail de court terme, puis avoir négocié avec un des soumissionnaires un bail à long terme, sans être retournée sur le marché solliciter des offres aux nouvelles conditions.

Elle y répète que la loi ne l'oblige pas à lancer un appel d'offres.

Elle ajoute toutefois que tous les scénarios sont encore possibles, à savoir : la rénovation du siège administratif, une construction neuve ou la location permanente. Cette phrase ne se trouvait pas dans le courriel de la Commission scolaire hier. On se contentait de dire que l'option retenue dépendra de l'approbation des ministres de l'Éducation et des Finances.

Un promoteur n'en savait rien

La société Broccolini a confirmé à La Presse hier ne pas savoir que la Commission scolaire de Montréal cherche des locaux de 180 000 pieds carrés pour une durée de 20 ans. « Personne ne nous a approchés, dit Jean Langlois, responsable des communications chez Broccolini. Certainement qu'on aurait été intéressé. La CSDM, c'est un bon locataire. »

Broccolini est l'un des grands propriétaires de terrains de l'île de Montréal. Il soumissionne sur les gros projets, sauf exception. Il est notamment le promoteur qui a remporté l'appel d'offres publiques pour livrer une nouvelle maison à Radio-Canada. « On a des assemblages de terrains qui auraient peut-être pu convenir à la CSDM », avance M. Langlois.