On ne voit pas ça souvent. Le marché de l'habitation a été plus vigoureux à Montréal qu'à Toronto et Vancouver en juillet. Les reventes de logements y ont progressé de 16 % par rapport à juillet 2016, alors qu'elles dégringolent de 40 % à Toronto et qu'elles glissent de 8 % sur la côte du Pacifique. Mais qu'est-ce qui est en train de se passer ?

« On est agréablement surpris par la vigueur du marché, dit Paul Cardinal, directeur, analyse du marché à la Chambre immobilière du Grand Montréal (CIGM). C'est sûr que c'est beaucoup plus robuste que ce que j'avais imaginé en début d'année. » 

Pour cet économiste, une série de facteurs expliquent l'embellie, à commencer par l'emploi. En un an, il s'est ajouté 90 000 emplois dans la région et le taux de chômage est à son creux des 40 dernières années.

Les courtiers de la CIGM ont connu leur meilleur mois de juillet en huit ans. Pas moins de 3075 ventes résidentielles ont été conclues par leur entremise, soit une augmentation de 16 % par rapport à la même période l'an dernier.

Tous les sous-secteurs de la région métropolitaine de recensement ont enregistré une croissance en juillet, Montréal (+ 21 %) et Vaudreuil-Soulanges (+ 19 %) en tête. Laval et la Rive-Nord ne sont pas loin derrière, avec un volume de transactions en hausse de 14 %. La Rive-Sud ferme la marche avec une progression de 6 %.

Le marché de la copropriété continue de se raffermir. Les reventes ont augmenté de 24 % à l'échelle de la région, à 1071 transactions. Le nombre de maisons unifamiliales ayant changé de main fait un saut de 13 %. Dans le cas des plex, c'est 2 %.

Le nombre de produits à vendre, toutes catégories confondues, a diminué de 15 % en un an et se situe à 24 412 propriétés.

Dans ce contexte, les hausses de prix s'accélèrent. Le prix moyen d'une maison sur l'île de Montréal bondit de 13 % en rythme annuel ; il augmente de 10 % sur la Rive-Nord et de 6 % dans Vaudreuil-Soulanges. Dans l'ensemble de la région, le prix des maisons progresse de 8 % en juillet, celui des copropriétés, de 2 %, et celui des plex, de 7 %.

LES ÉTRANGERS ACHÈTENT AU CENTRE-VILLE

Est-ce que l'introduction de la taxe de 15 % sur les achats par des non-résidants à Vancouver, en août 2016, puis à Toronto en avril 2017, y est pour quelque chose ?

La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) observe en tout cas que la présence d'acheteurs étrangers s'accentue à Montréal, tout en restant moins importante pour le moment qu'à Vancouver et Toronto.

Depuis janvier, 236 acheteurs étrangers ont investi dans une propriété résidentielle dans la région montréalaise, une hausse de près de 40 % par rapport à la même période l'an dernier. À l'échelle régionale, leur présence reste minime, représentant un peu moins de 2 % des transactions, selon les estimations de la SCHL.

Néanmoins, la présence étrangère se concentre dans une poignée de quartiers, dont le centre-ville. Dans sa publication Le marché sous la loupe pour la région de Montréal, la SCHL estime que les acheteurs étrangers représentaient environ 11 % de tous les acheteurs de copropriétés au centre-ville en 2016.

La courtière Marie-Yvonne Paint de Royal LePage à Westmount, qui se spécialise dans la propriété luxueuse, confirme la présence accrue d'acheteurs asiatiques.

« Il y a clairement un avant et un après depuis l'introduction d'une taxe à Vancouver pour les non-résidants. »

- Marie-Yvonne Paint, courtière

Elle s'attend à ce qu'une nouvelle vague d'investisseurs chinois déferle dans les prochains mois à Montréal.

DUR MOIS DE JUILLET À TORONTO

C'est tout l'inverse dans la Ville Reine. La glissade des reventes en rythme annuel dépasse les 40 %. Le nombre de reventes se chiffre à 5921. Quant à l'inflation des prix, qui avait atteint un niveau inquiétant en février, elle se poursuit, mais à un rythme moins spéculatif.

Le prix moyen d'un logement, tous types confondus, s'élève à 746 218 $ en juillet, en hausse de 5 % en un an. Les nouvelles inscriptions de propriétés à vendre, une donnée importante pour savoir si le marché est en train de se rééquilibrer, progressent de 5,1 %.

Autre facette du ralentissement du marché torontois, l'assureur privé Genworth enregistre une décroissance de 14 % dans le volume de primes d'assurance prêt hypothécaire en provenance de propriétaires de logement.

Le marché se calme aussi sur la côte du Pacifique. Les reventes ont reculé de 8,2 % en rythme annuel, pour totaliser 2960 transactions. Le nombre de propriétés à vendre a progressé de 10 % en un an, pour atteindre 9194. Le prix des maisons, tel que calculé par l'indice composite de référence MLS, affiche une hausse de 8,7 % en un an, à 1 019 400 $.