La Cour supérieure a condamné l'un des promoteurs immobiliers les plus en vue à Montréal, Broccolini, à rembourser près de 4 millions à l'agent de joueur et ex-hockeyeur Gilles Lupien, à propos de la location d'un restaurant Boston Pizza à Dorval qui a mal tourné.

M. Lupien, qui a déjà exploité un Dunkin' Donut de 1987 à 2000, a ouvert un Boston Pizza, en façade de l'autoroute 40, près du boulevard des Sources, en novembre 2008. Il voulait plus tard léguer le restaurant à ses enfants.

Malheureusement pour lui, le rêve a viré au cauchemar. L'homme d'affaires qui dirige l'agence de représentation de joueurs Sport Prospects a été évincé des lieux le 3 mars 2011 pour incapacité à payer le loyer.

Le problème était que le restaurant de l'ancien numéro 24 du Tricolore devait s'intégrer dans un ensemble comprenant un centre commercial linéaire et un hôtel de 150 chambres. L'ajout de ces composantes était jugé comme essentiel tant par M. Lupien que par la chaîne Boston Pizza pour la mise en place d'un restaurant, parce qu'elles « génèrent de la clientèle ».

Or, Broccolini a abandonné le projet de centre commercial et d'hôtel en mai 2008, quelques mois avant la signature du bail avec M. Lupien, sans les avertir, lui et la chaîne Boston Pizza. Le promoteur immobilier a plus tard revendu le terrain au Groupe Hammer, qui a accueilli trois concessions automobiles.

« Le Tribunal conclut que les défenderesses ont fait preuve de mauvaise foi en représentant faussement à Loupy's [la société de M. Lupien] et à Boston Pizza qu'un hôtel et un centre commercial seraient construits sur le site, écrit le juge André Prévost dans sa décision publiée le 21 décembre dernier. Ce dol a induit ces dernières en erreur sur une des considérations essentielles de leur engagement. En conclusion, le bail est entaché de nullité », conclut le magistrat.

2,8 millions plus les intérêts

M. Lupien a réclamé et obtenu le remboursement des frais engagés pour la construction de son restaurant, incluant les améliorations locatives, le mobilier, les droits de franchise et les droits de préouverture, de même que les intérêts sur prêts pour une somme de 2,8 millions.

« Avec les intérêts qui courent et le remboursement des témoins experts, on arrive à près de 4 millions », signale Me Frédéric Paré, avocat de Gilles Lupien. Le procureur ne voulait pas commenter davantage le jugement avant que le délai de 30 jours pour interjeter appel ne soit expiré.

Il a été impossible de savoir si Broccolini allait en appeler de ce jugement.