Le plus grand propriétaire immobilier non résidentiel au Québec s'est fait malmener en Bourse au deuxième semestre.

Le prix de la part est ainsi passé de 18,20 $, le 26 juillet, à 13,69 $, le 16 novembre, avant de remonter à 14,58 $, le 29 décembre.

À ce niveau de prix, le rendement courant de la distribution annuelle, qui est établie à 1,47 $ par part, atteint maintenant 10 %, un seuil perçu comme étant le signe avant-coureur d'une réduction imminente de la distribution.

Un scénario qui n'est pas envisagé à l'heure actuelle, a soutenu Michel Dallaire, chef de la direction de Cominar, dans un entretien accordé avant la période des Fêtes.

« Nos distributions sont soutenables à long terme », assure-t-il, tout en reconnaissant que de nombreux détenteurs de parts ont appelé Cominar pour poser des questions sur les distributions. « On a un rendement de 10 % parce que le prix de la part a baissé. La distribution n'a rien à voir avec le prix de la part. Elle est alimentée par l'ensemble des loyers perçus auprès de nos 6000 clients », explique-t-il.

À l'instar des autres fiducies immobilières, Cominar a perdu des plumes en réaction à la remontée des taux obligataires. Le phénomène a été exacerbé après l'élection de Donald Trump, qui prône des politiques budgétaires expansionnistes, ce qui risque d'attiser l'inflation et de provoquer, en réaction, de nouvelles hausses de taux.

« On n'est pas les seuls. Regardez l'ensemble des fiducies de placement immobilier canadiennes, toutes se sont fait frapper. » - Michel Dallaire, chef de la direction de Cominar

Néanmoins, le rendement de la part de Cominar a été moins bon que l'indice plafonné de l'immobilier S&P/TSX. En 2016, Cominar a perdu 1,7 %, tandis que l'indice a gagné 4,2 %. Pourquoi ?

DES REVENUS RÉCURRENTS EN BAISSE

D'après les chroniqueurs de The Motley Fool, les investisseurs appliquent un escompte sur le titre de Cominar en raison de son endettement élevé et de la baisse de ses revenus d'exploitation récurrents ajustés après trois trimestres en 2016. Une nouvelle baisse des revenus est attendue en 2017.

Cominar continue de souffrir de la faillite de Target en juin 2015 même si, depuis, bon nombre de locaux ont trouvé preneur. Le hic, toutefois, c'est que la plupart des nouveaux occupants ne commenceront à verser du loyer qu'en 2017, voire en 2018.

De plus, le fort taux d'inoccupation des bureaux à Montréal et à Ottawa mine la croissance des revenus dans ce secteur.

Notons qu'au troisième trimestre, Cominar a émis 200 millions de parts en vue de réduire son endettement. Il s'agit d'un geste défensif en réaction au rapport de DBRS qui avait apposé une perspective négative sur son titre de dette en août 2016.

Le fonds de placement immobilier a dû aussi se résoudre à réintroduire son régime de réinvestissement des distributions. L'objectif est d'éviter de devoir distribuer en espèces plus que les revenus ajustés récurrents tirés de l'exploitation.

Sur une note plus positive, le chroniqueur Kay Ng, de Motley Fool, souligne que Cominar n'a jamais réduit sa distribution mensuelle depuis 1998. Il est arrivé à trois reprises dans son histoire que le rendement courant de Cominar atteigne les 10 %.

DES TRAVAUX AU CENTRE ROCKLAND

Malgré une situation financière tendue, Cominar continue d'avancer des projets de développement pour soutenir sa croissance.

« Dans la région de Montréal, on regarde pour une deuxième petite tour de bureaux au Centropolis [de Laval], fait savoir M. Dallaire. On a des projets sur la table à dessin, comme à la gare Centrale. On travaille aussi à la planification au Centre Rockland, pour faire des expansions et du repositionnement. »

Numéro un de l'immobilier commercial à Québec, Cominar possède 539 immeubles représentant 44,8 millions de pieds carrés. Son portefeuille est réparti entre le Québec, l'Ontario et les Maritimes. Environ 4 % de celui-ci se trouve en Alberta.

Photo Robert Skinner, Archives La Presse

Michel Dallaire, chef de la direction de Cominar

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