La Banque du Canada juge que les nouvelles règles encadrant les prêts hypothécaires devraient aider à ralentir la croissance de l'endettement des ménages et celle des prix des logements sur certains marchés - les deux éléments qui, estime-t-elle, posent les plus grands risques à la stabilité financière du pays.

La banque centrale a prévenu jeudi que la hausse des niveaux d'endettement, conjuguée à la proportion croissante de ménages fortement endettés, exposait le Canada à certains chocs économiques. Ceux-ci pourraient prendre la forme d'un événement entraînant une baisse significative du taux d'emploi.

Mais le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, s'attend à ce que les règles hypothécaires plus strictes, introduites ces derniers mois par les gouvernements provinciaux et fédéral et les autorités municipales, assouplissent graduellement les niveaux d'endettement et améliorent la qualité des futurs emprunts.

Ottawa a annoncé en octobre des changements visant à réduire les risques liés aux prêts hypothécaires et à ralentir l'activité sur les marchés les plus actifs, comme ceux de Toronto et de Vancouver. Les nouvelles règles réduisent l'admissibilité des futurs emprunteurs aux hypothèques et restreignent leur accès à l'assurance pour les hypothèques jugées plus risquées.

«Il est à peu près garanti que (les règles) atteindront leurs objectifs, parce que ce sont des règles sur les critères d'admissibilité», a expliqué M. Poloz après que la banque centrale eut dévoilé la plus récente édition semestrielle de sa Revue du système financier.

«Ces procédés sont essentiellement mécaniques, mais lents, en raison de la grande quantité (d'hypothèques).»

M. Poloz a notamment insisté sur la prévalence de deux caractéristiques chez les nouvelles hypothèques signées au cours du troisième trimestre de 2016: un ratio de prêt au revenu de plus de 450 % et un «ratio élevé» où le prêt représente au moins 80 % de la valeur de la propriété.

À l'échelle nationale, les données du rapport de la banque centrale démontrent que 18 % des nouvelles hypothèques du troisième trimestre de 2016 présentaient ces deux caractéristiques. Au troisième trimestre de 2014, elles n'étaient que 13 %.

À Toronto, environ 49 % des nouvelles hypothèques du troisième trimestre tombaient dans cette catégorie, selon le rapport. Deux ans plus tôt, 32 % d'entre elles s'y trouvaient. À Vancouver, la proportion était de 39 % cette année, par rapport à 31 % au troisième trimestre de 2014.

La Banque du Canada a aussi souligné les nouvelles règles mises en place à Vancouver pour limiter l'investissement étranger sur le marché du logement. Celles-ci comprennent une taxe de 15 % pour les acheteurs non résidents et une taxe sur les logements inoccupés.

En juin, M. Poloz a prévenu que la hausse des prix des logements à Vancouver et à Toronto dépassait celle de certaines données économiques fondamentales, comme la création d'emplois et la croissance des revenus, dans ces régions.

Même si la banque juge que la probabilité de voir un choc économique reste faible, elle a noté qu'un tel événement pourrait avoir des conséquences «importantes» pour l'économie et le système financier.

La banque centrale a notamment indiqué qu'une augmentation forte et soutenue du chômage à travers le Canada pourrait exercer une tension financière sur les ménages endettés, réduire les dépenses de consommation et entraîner des corrections des prix des logements, particulièrement à Toronto et à Vancouver.

Bien qu'elle reste faible, la probabilité de voir se matérialiser une tension financière et une correction immobilière à l'échelle du pays a «modestement augmenté» depuis juin, a indiqué la banque. L'importance d'un tel événement, s'il devait se présenter, s'est aussi accentuée, a-t-elle ajouté.

Le rapport a aussi évoqué d'autres risques, notamment les tensions émanant de la Chine et d'autres pays émergents, une brusque hausse des taux d'intérêt à long terme causée par une augmentation des primes de risque dans le monde, et une faiblesse prolongée des cours des produits de base.

«Néanmoins, le système financier canadien demeure résilient», a indiqué la banque dans un communiqué.