Le nombre d'investisseurs immobiliers étrangers a bondi de 62% cette année à Montréal, avec une croissance marquée de la demande chinoise depuis l'instauration d'une taxe spéciale de 15 % à Vancouver en août dernier.

Selon une étude publiée hier par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), 635 investisseurs étrangers ont acquis une propriété dans la métropole de janvier à octobre 2016. Pendant la même période, l'an dernier, ils étaient 392.

« Ça représente environ 1 % du nombre total de transactions, ce qui reste minime, a indiqué à La Presse Francis Cortellino, chef de l'analyse de marché à la SCHL. On passe de très très peu [d'acheteurs étrangers] à très peu. »

INFLUENCE CHINOISE

Même si les chiffres ne traduisent pas un afflux massif de capitaux étrangers à Montréal, le mouvement à la hausse est indéniable. Pour cerner l'impact réel de la taxe de 15 % imposée aux acheteurs étrangers à Vancouver - une mesure qui visait d'abord et avant tout les Chinois - , la SCHL a séparé l'analyse des données en deux périodes distinctes. Avant et après la taxe.

Pendant la période d'août à octobre, en 2015, à peine huit investisseurs chinois avaient acquis une propriété dans la métropole québécoise. Ils ont été 25 à investir pendant la période correspondante en 2016 - juste après l'instauration de la taxe - , soit trois fois plus que l'an dernier.

« C'est possible que la taxe ait joué un rôle là-dedans, mais ça reste minime », a fait valoir avec prudence l'analyste Francis Cortellino.

Sur le terrain, l'« effet Vancouver » apparaît toutefois bien réel. Yi Lu, jeune courtier d'origine chinoise affilié à l'enseigne Engel & Völkers, dit avoir remarqué une hausse marquée de l'intérêt des investisseurs chinois pour Montréal dès l'annonce de la taxe vancouvéroise, au coeur de l'été.

« Tout de suite après, j'ai eu trois ou quatre clients qui m'ont contacté. On vient de conclure une transaction avec un client de Hong Kong qui avait d'abord regardé à Vancouver et Toronto, mais qui a choisi de venir ici, à Montréal. » - Yi Lu, courtier d'origine chinoise affilié à l'enseigne Engel & Völkers

CONDOS NEUFS

La SCHL reconnaît qu'il faudra un certain temps pour déterminer si la taxe de Vancouver aura eu un impact profond sur le marché montréalais. Fait non négligeable, les statistiques colligées dans l'étude tiennent seulement compte des transactions déjà conclues devant notaire. Les ventes réalisées dans les projets de condos actuellement en prévente ou en construction ne sont pas comptabilisées pour le moment, ce qui pourrait faire bondir les chiffres au cours des prochains trimestres.

Au projet YUL, complexe financé par des capitaux chinois à deux pas du Centre Bell, la prévente de la deuxième phase semble avoir attiré de nombreux acheteurs asiatiques, révèle une photo publiée sur Twitter par le promoteur Kheng Ly. L'homme d'affaires affirme avoir vendu 93 appartements en deux heures, vendredi dernier.

Quoi qu'il en soit, les Américains forment toujours le contingent étranger le plus nombreux à avoir acquis une propriété à Montréal depuis le début de 2016. Ils ont été 186 à investir dans la métropole de janvier à octobre, suivis des Français (130), des Chinois (62) et ensuite d'un groupe d'acheteurs épars en provenance de plusieurs pays.

CONDOS VIDES

Outre la question des Chinois, la SCHL a cherché à en apprendre davantage sur les acheteurs étrangers dans sa nouvelle étude. L'organisme a notamment voulu savoir le pourcentage de condos laissés inoccupés par leurs propriétaires étrangers à Montréal. Résultat ? Entre 4 et 8 %, une proportion jugée « faible ».

40 %

Proportion des investisseurs étrangers qui paient leur copropriété comptant à Montréal, contre 15 % pour la moyenne des acheteurs selon l'étude de la SCHL.

L'enquête démontre par ailleurs que la valeur des condos détenus par des étrangers est plus élevée que ceux appartenant à des Canadiens. L'écart atteint 20 % dans l'arrondissement Ville-Marie - qui englobe le centre-ville - , avec un prix moyen de 471 000 $.

Dans l'ensemble, la SCHL estime que l'investissement étranger demeure un phénomène « très limité » à Montréal. Le pourcentage de propriétés détenues par des non-Canadiens s'élève 1,1 % dans la région métropolitaine (un chiffre stable par rapport aux années précédentes) et à 4,3 % au centre-ville et à L'Île-des-Soeurs.

Dans les régions métropolitaines de Vancouver et Toronto, la proportion est environ deux fois plus élevée, soit 2,2 et 2,3 %, indique la SCHL.

Photo Martin Chamberland, Archives La Presse

Selon une étude publiée par la SCHL, 635 investisseurs étrangers ont acquis une propriété dans la métropole de janvier à octobre 2016.

Photo Bernard Brault, Archives La Presse

Selon une étude publiée par la SCHL, 635 investisseurs étrangers ont acquis une propriété dans la métropole de janvier à octobre 2016.