Près de la moitié des propriétaires canadiens n'ont pas une réserve d'argent suffisante pour les aider en cas de pépin financier comme la perte d'un emploi, suggère un nouveau sondage réalisé par la Banque Manuvie.

Pas moins de 24 % des répondants au sondage réalisé en ligne ont indiqué ne pas savoir combien d'argent se trouvait dans leur fonds d'urgence, tandis que 14 % ont admis ne pas mettre d'argent de côté. Environ 9 % des répondants ont dit n'avoir accès qu'à 1000 $ ou moins.

Le reste des répondants du sondage, dont les résultats ont été dévoilés jeudi, ont indiqué avoir épargné jusqu'à 10 000 $, le montant moyen atteignant 5000 $.

Aux yeux du président et chef de la direction de la Banque Manuvie du Canada, Rick Lunny, le fait de ne pas avoir mis de côté trois à six mois de dépenses peut être stressant lorsque survient un imprévu qui demande un accès rapide à des liquidités.

«Le risque, pour les gens qui n'ont pas cet argent, est de se retrouver face à un événement inattendu, comme le besoin d'acheter un nouvel appareil de chauffage central ou de faire des réparations sur son automobile. Pour plusieurs de ces personnes, la seule solution disponible est de se tourner vers des cartes à taux d'intérêt élevés», a-t-il expliqué.

Plutôt que de profiter de l'environnement actuel de faibles taux d'intérêt pour épargner de l'argent, le sondage laisse croire que plusieurs propriétaires en profitent pour acheter des maisons plus dispendieuses.

«Ils ont contracté de grosses hypothèques et à cause de cela, ils étirent (leur budget) de plusieurs façons. À cause de cela, ils n'ont pas eu la discipline financière de mettre de l'argent de côté en prévision des mauvais jours.»

Selon Manuvie, parmi les répondants du sondage, les propriétaires détenaient en moyenne une hypothèque de 174 000 $ et ils consacraient environ 28 % de leur revenu net au remboursement de cette dette, chaque mois.

Environ la moitié des participants au sondage, soit 46 %, ont indiqué qu'ils auraient de la difficulté à faire leurs paiements hypothécaires dans six mois ou moins si le membre du ménage responsable de la principale source de revenus perdait son emploi.

En outre, 16 % des répondants ont dit qu'ils éprouveraient des difficultés financières si les taux d'intérêt faisaient grimper leurs paiements hypothécaires.

Les chiffres sur les hypothèques ont la cote ces derniers mois, surtout depuis que le gouvernement fédéral a pris des mesures pour réduire les risques associés au marché canadien de l'habitation. Ces mesures visent particulièrement dans les villes où l'activité immobilière est très vive, comme Toronto et Vancouver.

Plus tôt en novembre, le ministre canadien des Finances, Bill Morneau, a annoncé que des simulations de crise seraient requises pour toutes les demandes d'hypothèques garanties. Le gouvernement veut ainsi s'assurer que les emprunteurs seront toujours capables de faire leurs paiements hypothécaires si jamais les taux d'intérêt grimpent ou si leur situation financière change.

L'an dernier, Ottawa a haussé la mise de fonds minimale pour la portion du prix d'une habitation qui dépasse 500 000 $ pour la faire passer à 10 %.

M. Lunny s'est réjoui des changements, mais il a souligné que cela ne modifiait pas la situation financière des gens qui sont déjà propriétaires, qui ont peut-être déjà des difficultés à faire leurs paiements hypothécaires.

Le sondage de Manuvie a été réalisé en ligne par Environics Research auprès de 2372 propriétaires canadiens du 28 juin au 8 juillet. Les participants étaient âgés de 20 à 69 ans, et le revenu de leur ménage était d'au moins 50 000 $.

Selon l'Association de la recherche et de l'intelligence marketing, qui représente l'industrie du sondage, on ne peut calculer la marge d'erreur des sondages en ligne puisque leur échantillon n'est pas aléatoire et, par conséquent, pas représentatif de la population générale.