Le gouvernement Couillard ne fera rien pour les Québécois pénalisés par les nouvelles mesures fédérales qui restreignent l'accès à la propriété.

Les nouveaux acheteurs n'auront qu'à s'ajuster aux nouvelles règles, a affirmé mardi le ministre des Finances, Carlos Leitao.

En vertu des modifications du ministère fédéral des Finances entrées en vigueur lundi, tout nouveau prêt hypothécaire assorti d'une assurance doit maintenant faire l'objet d'une simulation de crise plus rigoureuse par le prêteur.

Ottawa veut ainsi ralentir la hausse des prix dans les marchés immobiliers de Toronto et de Vancouver et s'assurer que les consommateurs qui contractent des prêts hypothécaires puissent les rembourser, même si les taux d'intérêt augmentent ou que leur revenu baisse.

Les nouvelles règles s'appliquent partout au pays, même si les conditions du marché ne sont pas les mêmes au Québec, ce qu'a déploré l'opposition officielle à l'Assemblée nationale, chiffres à l'appui.

D'ailleurs, l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (APCHQ) prédit une chute de 18 % des mises en chantier et une baisse de 7 % des reventes de maisons.

«Des familles québécoises (...) se voient empêcher de réaliser leur rêve d'être propriétaire, a dénoncé le porte-parole du Parti québécois en matière de Finances, Nicolas Marceau, à la période de questions. (...) C'est notre croissance économique qui est en cause. Pour régler des problèmes de Toronto et de Vancouver, on va nuire au Québec et on va nuire aux jeunes familles du Québec.»

Il a fait remarquer qu'au troisième trimestre de 2016, le prix des maisons à Vancouver avait augmenté de 34 % et de 12 % à Toronto, mais de seulement 5 % à Montréal.

Carlos Leitao a reconnu que les mesures allaient avoir un «certain effet», mais qu'il sera «temporaire». Il y voit des mesures de «prudence normale». Les nouveaux acheteurs n'auront qu'à revoir le type de propriété qu'ils pourront acheter, ou à emprunter un peu moins, a-t-il plaidé.

«Les premiers acheteurs de maison et tous les autres vont s'ajuster, a affirmé le ministre des Finances en chambre. Ajustement, c'est un mot qu'ils ne semblent pas comprendre. (...) Parce qu'il y a un risque d'une flambée des taux d'intérêt éventuellement, les personnes vont s'endetter à un rythme qui est soutenable. Endettement soutenable, encore une fois, un concept qui semble un peu étrange à nos collègues.»

Le Parti québécois a pour sa part souligné que le taux d'accession à la propriété est déjà plus bas au Québec, à 61,2 %, par rapport à la moyenne de 69 pour cent au Canada en 2011, et les nouvelles mesures n'aideront donc pas les Québécois à rattraper le reste du pays.

De même, l'opposition a fait remarquer que le Québec est bien moins frappé par le problème de surendettement des ménages que le reste du pays, un des phénomènes que les nouvelles règles fédérales cherchent à réfréner.

La proportion de ménages fortement endettés était de 5 % au Québec en 2012-2014, par rapport à 13,6 % en Colombie-Britannique, 10,9 % en Alberta et 8,5 % en Ontario.