La ministre du Patrimoine canadien Mélanie Joly déplore que Radio-Canada ait produit uniquement en anglais la lettre d'intention aux acheteurs potentiels de la Maison Radio-Canada à Montréal.

«Ça va de soi que Radio-Canada doit communiquer dans les deux langues officielles. Les documents doivent nécessairement être en français et en anglais. Ce n'est pas une question. [...] Radio-Canada doit se conformer à ses obligations en matière de langues officielles. Le message est lancé et bien reçu», a dit la ministre Joly en point de presse à la Chambre des communes. 

Le Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois ont dénoncé le fait que cette lettre d'intention, qui est l'un des documents les plus importants du processus de vente de la Maison Radio-Canada, ait été rédigée uniquement en anglais. La firme immobilière Brookfield a été mandatée par Radio-Canada pour gérer le processus de vente de ses installations. 

«On est à Montréal. Il y a une dualité linguistique. Radio-Canada doit faire la promotion de cette dualité linguistique et là, on fait exactement le contraire», dit Monique Pauzé, députée du Bloc québécois. 

«Voyons donc! Ça [le document unilingue en anglais] dénote à quel point ils ont l'impression de mener leurs petites affaires, dit le député néo-démocrate Pierre Nantel. Ils font leurs petites affaires entre eux. C'est un indice à quel point ces gens-là gèrent ce processus comme s'il s'agit de radiodiffusion, mais c'est un immeuble qui fait partie du paysage urbain de l'est de Montréal. Ce n'est pas la même chose que si Radio-Canada quittait la rue Saint-Jean à Québec ou la rue Sparks à Ottawa.» 

Radio-Canada soutient qu'il s'agit «d'une pratique courante pour ce type de transaction» que la lettre d'intention aux acheteurs potentiels soit rédigée seulement en anglais. «Il est à noter qu'aucune demande pour une version française n'a été soumise à CBC/Radio-Canada. Le cas échéant, nous l'aurions fournie avec diligence», indique Marc Pichette, directeur des relations publiques de Radio-Canada, par courriel. 

Alors que le conseil d'administration de Radio-Canada - qui se réunit demain et jeudi - pourrait passer à la dernière phase du processus de vente, le Bloc québécois et le NPD demandent tous deux un arrêt de ce processus. 

Rappelant l'indépendance de Radio-Canada par rapport au gouvernement fédéral, la ministre Joly a écarté aujourd'hui la possibilité d'arrêter le processus en cours. La ministre Joly estime que Radio-Canada doit «consulter les différentes parties prenantes à Montréal, je comprends que ça se fait présentement», dit-elle. Radio-Canada ne cache pas son intention de déménager dans de nouveaux locaux, que ce soit sur un même site ou dans un autre site au centre-ville.

«Je m'attends à ce que toutes les options soient étudiées, dit la ministre Joly. Le vrai débat, c'est que les employés de Radio-Canada doivent avoir accès à un environnement de travail à la fine pointe de la technologie, qui est moderne. En tant que gouvernement, on a une responsabilité sociale et historique par rapport au quartier. Je respecte l'indépendance de Radio-Canada, mais en même temps, je m'attends à ce que tous les scénarios soient étudiés.»

Le NPD et le Bloc québécois demandent tous deux un arrêt du processus de vente, pour deux motifs différents. Le NPD veut des changements au conseil d'administration de Radio-Canada, tandis que le Bloc québécois souhaite des consultations dans le dossier de la Maison Radio-Canada.

«Il devrait y avoir une consultation, les employés, les syndicats, les artisans et, pourquoi pas, la population active, de voir ce qu'on fait, dit la députée bloquiste Monique Pauzé. On arrête l'appel de propositions et on s'en va vers une consultation comme la ministre l'a précisé à deux reprises en mars.» 

«Je comprends que la situation n'est pas simple [pour la ministre Joly], dit le député néo-démocrate Pierre Nantel. Il faut au minimum une super transparence. Ils [le CA] exécutent les dernières volontés du testament de Stephen Harper et ils font ça en cachette. Dans le meilleur des mondes, on confierait la gestion de cet immeuble à la Société immobilière du Canada. Je comprends que Radio-Canada veut devenir locataire, je ne dis pas qu'il faut qu'ils restent là [dans la tour actuelle], mais je ne confierais pas de grandes décisions importantes à ce CA.»