Les Ontariens, les Albertains et les Britannico-Colombiens détiennent la palme des citoyens les plus endettés au pays, indique un rapport publié hier par la Banque du Canada. Même si la situation est meilleure au Québec, plus de 116 000 ménages de la province sont désormais considérés comme «fortement endettés».

Dans sa Revue du système financier publiée hier, la Banque s'inquiète de l'augmentation marquée du nombre de Canadiens «fortement endettés». Les ménages qui tombent dans cette catégorie affichent un ratio de la dette au revenu - soit le montant total de la dette divisé par le revenu brut - de plus de 350%. Une famille dont le revenu brut atteint 100 000$ et les dettes, 350 000$, se retrouve en territoire dangereux, souligne la Banque. La proportion de ménages fortement endettés est passée de 4% avant la crise de 2008 à 8% aujourd'hui au pays. Ces derniers détiennent environ un cinquième de la dette totale des ménages.

Dettes hypothécaires

Sans surprise, les prêts hypothécaires constituent la principale dette des Canadiens. Ils représentent aujourd'hui 87% de l'endettement total des ménages, comparativement à 80% avant la crise financière. Malgré cela, le coût du service de la dette - soit les intérêts payés sur les prêts - a diminué, tandis que la valeur des propriétés a augmenté. Une bonne nouvelle qui en cache une mauvaise, indique la Banque dans son rapport.

«On pourrait croire, d'après ces résultats, que les ménages fortement endettés sont désormais plus en mesure de faire face aux échéances de leur dette, mais cette situation tient vraisemblablement à la période prolongée de baisse des taux d'intérêt qui a suivi la crise. Les choses pourraient changer considérablement si les taux d'intérêt se mettaient à augmenter.»

720 000 ménages

Les ménages les plus endettés du pays sont concentrés en Colombie-Britannique, en Alberta et en Ontario, là où le prix des propriétés a le plus grimpé au cours des dernières années.

À l'échelle du pays, environ 720 000 ménages se retrouvent ainsi dans une position de «vulnérabilité», a commenté hier Stephen Poloz, gouverneur de la Banque.

Les familles dont le ratio de la dette au revenu dépasse 350% sont nettement plus nombreuses que la moyenne à effectuer des paiements en retard, indique la Banque du Canada.

Et le Québec?

Comment se classe le Québec au palmarès de l'endettement? Pas si mal. Selon la Banque, le nombre de ménages «fortement endettés» est passé de 2,7% avant la crise à 5% aujourd'hui. Cela équivaut à environ 116 000 familles québécoises. En comparaison, le nombre de ménages aux prises avec des dettes importantes a bondi de 7,5% à 13,6% en Colombie-Britannique, de 4,1% à 10,9% en Alberta et de 4,4% à 8,5% en Ontario pendant la même période.

Risques et vulnérabilité

La Banque a réitéré ses inquiétudes quant aux marchés immobiliers de Toronto et Vancouver.

«Le dynamisme des prix des logements observé récemment à Toronto et Vancouver est susceptible d'accroître la probabilité d'une correction, dont les ménages vulnérables pourraient se ressentir», a souligné Stephen Poloz. La semaine dernière, le nouveau ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, a annoncé des mesures «ciblées» dans le but de s'attaquer aux marchés les plus à risque. La mise de fonds minimale pour les prêts assurés par l'État a ainsi été relevée pour les maisons vendues entre 500 000$ et 1 million de dollars. Le marché immobilier de Montréal, pour sa part, n'est pas considéré comme en surchauffe. Les prix sont toutefois surévalués par rapport aux revenus de ses résidants, selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement.