Le groupe immobilier québécois Sand & Ocean lance ces jours-ci un «projet-pilote» de 35 millions de dollars aux Bahamas en partenariat avec le Club Med, qui pourrait ouvrir la porte à d'autres collaborations avec le géant français du voyage ailleurs dans le monde.

En vertu de cette entente, Sand & Ocean bâtira un complexe de 120 appartements de type condo-hôtel, adjacent au Club Med de Columbus Isle. La construction débutera d'ici quelques semaines. Quelque 240 unités et de nouvelles aires communes seront ajoutées dans une deuxième phase, ce qui porterait la valeur totale du projet à environ 200 millions.

«On vient doubler le resort actuel», a résumé Jean-Marc Daigle, président de Sand & Ocean, incorporée à Longueuil.

Les condos seront vendus en pleine propriété à des investisseurs, qui pourront séjourner quatre semaines par année à Columbus Isle ou dans tout autre Club Med. Les occupants de ces unités bénéficieront de tous les services du complexe de luxe. C'est la première fois que le géant français du voyage propose cette formule, qu'elle pourrait implanter dans d'autres stations balnéaires avec son partenaire québécois.

«C'est un modèle qu'on veut tester», a expliqué à La Presse Affaires Xavier Mufraggi, directeur général de Club Med Amérique du Nord.

Demande en hausse

Sand & Ocean a un échéancier serré pour réaliser la première phase de son projet, qui prévoit aussi la rénovation des installations actuelles de Columbus Isle. La première phase devrait être terminée à la fin du printemps prochain, selon les plans actuels.

Le groupe fera préfabriquer la plupart des composantes du complexe dans l'usine beauceronne de TMS Système, lesquelles seront ensuite transportées jusqu'aux Bahamas. «Quand ça arrive sur place, c'est comme un Lego», a illustré Jean-Marc Daigle.

Il faut dire que la demande dans les Club Med nord-américains affiche une hausse marquée depuis trois ou quatre ans, fait valoir Xavier Muffraggi. Les troubles au Moyen-Orient - où le groupe a des stations balnéaires - ont redirigé une partie de la clientèle européenne vers le continent américain. Les réservations pour l'été 2015 ont affiché un bond de 200% à Columbus Isle lors de la mise en vente des forfaits, soutient-il.

Commission Charbonneau

Le nom de Jean-Marc Daigle a par ailleurs été cité à la commission Charbonneau, qui enquête sur l'industrie de la construction. Selon un témoin, l'ex-directeur de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis, a effectué un voyage au Club Med de Columbus Isle aux frais du promoteur en 2008.

Questionné à ce sujet hier, Jean-Marc Daigle a affirmé que cette visite de M. Dupuis visait un possible investissement en équité de 3 millions dans le projet actuel. Or, il dit s'être retiré des discussions quand des révélations ont commencé à sortir quelques mois plus tard.

«Le fait que ça chauffait et que c'est un investissement à long terme avec le Club Med, une compagnie publique, fait qu'on a voulu protéger nos partenaires, a soutenu M. Daigle. La lune de miel n'a jamais été consommée.»